L’élu régional Paca (PCF-Front de gauche) a observé de près l’ascension du FN à Vitrolles à la fin des années 1990, et au-delà. À l’heure où les sondages semblent permettre
à Marine Le Pen de troubler le second tour de la présidentielle, Alain Hayot pose les jalons d’une lutte renouvelée contre
le FN, qui interpelle d’abord la gauche.
Ethnologue, professeur à l’université d’Aix-Marseille, président de la commission Aménagement et Développement des territoires du conseil régional de Paca, Alain Hayot a vécu de près l’ascension du Front national dans le Sud-Est, et particulièrement Vitrolles. À l’heure où Marine Le Pen s’installe dans le paysage à la suite de son père, il décrit ce que pourrait être, pour la gauche, une posture de combat. Entretien.
Listons d’abord ce qui a échoué dans la lutte contre le FN, et les écueils qui menacent, à quelques mois désormais d’une élection présidentielle où, il n’y a pas si longtemps,
le FN a joué les trouble-fête.
Alain Hayot. Premier écueil à éviter, c’est de considérer que le FN est une excroissance monstrueuse du système républicain, indépendant de la crise politique que nous vivons, alors qu’il en fait partie intégrante. Ce n’est pas une maladie honteuse de notre système mais un des révélateurs de ce que j’appelle la fracture démocratique : le décalage énorme entre le politique et le peuple. Un second élément de cette crise est la crise de la droite française, crise au sens gramscien, car elle est en pleine recomposition. Il y a quelque chose qui est en train de mourir dans cette droite chiraquienne, quasiment radicale-socialiste… On pourrait en fait reprendre et réinterpréter la classification de la droite opérée par René Rémond ; la droite « orléaniste » – on dirait centriste aujourd’hui – est en train de céder le pas à la droite « bonapartiste ». Laquelle prépare une alliance avec la droite « légitimiste » – en réalité l’extrême de la droite. Le sarkozysme est la tentative d’allier les trois. Il a du mal avec la droite centriste, qui tente de se reconstituer autour de Morin, Bayrou ou Borloo. Mais l’alliance avec la droite populiste, elle, est en cours.
Le troisième élément à considérer, c’est bien sûr la crise de la gauche elle-même.
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