« Libération » a aujourd’hui rendu publiques les principales conclusions d’un rapport du gouvernement sur l’évolution de la pauvreté de 2006 à 2009. Un entretien avec Roselyne Bachelot accompagne l’article. Le rapport lui-même n’est pas disponible à ma connaissance. Mais on en connaît assez pour, au choix, rire franchement ou s’indigner. Les deux pour ma part. Le principal résultat de ces chiffres truqués est une nette réduction du taux de pauvreté et du nombre de pauvres de 2006 (ou 2007 selon les cas) à 2009 : le taux de pauvreté « gouvernemental » passe de 13,1 % en 2006 à 11,8 % en 2009, et le nombre de pauvres de 7,5 millions en 2007 à 7,1 millions en 2009. Je n’en sais pas plus pour l’instant.
Mon commentaire « à chaud » sera bref .
D’abord, cette arnaque, qui aboutit aujourd’hui, se prépare depuis fin 2007 (mais un semblable rapport a été rendu public en 2010 et est disponible en ligne). J’écrivais le 6 décembre 2007 : « En arrière fond de ces débats, on trouve l’engagement public de réduire de 7 à 5 millions le nombre de pauvres d’ici 2012. Faisons le pari : la seule façon d’y parvenir avec ce qui se profile, en l’absence d’engagements financiers et humains massifs de l’État, sera de changer la définition statistique de la pauvreté… Bien des pauvres sortiront alors avec bonheur des chiffres de la pauvreté »… Il suffit pour cela… « de recourir… à une définition de la pauvreté en termes absolus (l’accès à un panier fixe de biens) et non en termes relatifs (une fraction du revenu médian de la population). »
Pour le dire autrement : l’indicateur Hirsch-Sarkozy revient tout simplement à minorer le seuil de pauvreté en le bloquant au niveau atteint plusieurs années plus tôt. Le miracle statistique peut alors se produire.
Et j’indiquais le 14 mai 2008, dans un autre billet, après l’annonce officielle de la mise en œuvre du nouvel indicateur « ancré dans le temps » : « Eh bien, nous y sommes ». J’ajoutais « Avec cette méthode, Martin Hirsch pourrait réduire le nombre de pauvres de 1,7 million entre 2006 et 2012 sans rien faire, sauf un tour de passe-passe statistique. ». J’en apportais alors la preuve.
Comme vous le constatez, tout cela a été décidé bien AVANT LA CRISE, dès la fin 2007, alors que tout le monde sentait que, crise ou pas, l’explosion de la richesse des très riches, objectif central de notre Président, avait comme contrepartie l’augmentation de la pauvreté.
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