La
séquence électorale présidentielles-législatives est maintenant close. Le moins
que l’on puisse dire est que la campagne du Front de Gauche aura connu des
phases contrastées en passant du chaud au froid.
Le
chaud, c’est la dynamique militante de la présidentielle, les
grands meetings de masse, les liens tissés avec les entreprises en lutte et les
syndicalistes, l’engouement populaire constaté ; même si, au final, il y a eu
un décalage entre la dynamique militante forte et une dynamique électorale
moindre. Il n’est pas anormal qu’après les échecs et déceptions accumulées
depuis plusieurs années la remobilisation touche d’abord les franges les plus
politisées ; pour les autres, il y faudra plus de temps.
Le
froid, c’est le score des législatives, où le Front de Gauche
progresse en voix et en pourcentage par rapport à 2007, mais recule
sensiblement par rapport au score de la présidentielle — alors même que
certains d’entre nous espéraient que la pression du « vote utile » serait
moindre — et c’est la perte de députés sortants malgré des scores en progrès
pour la plupart. Cela laisse le goût amer d’un groupe parlementaire diminué,
d’un affaiblissement institutionnel rendant plus difficile de peser au
quotidien sur le gouvernement, d’une image de défaite et d’échec propagée par
les médias.
Même
si la réalité est toujours plus complexe et contradictoire,
même si l’acquis engrangé dans ces mois de campagne n’a pas disparu et constitue
un socle substantiel pour continuer, il n’en demeure pas moins que le Front de
gauche devra affronter l’avenir avec ces handicaps.
Il
convient donc de se livrer à une analyse lucide de ce
qui a conduit à un résultat bien éloigné de certaines affirmations (« nous
serons en tête de la gauche », « nous allons devancer le Front national »), si
l’on veut trouver les moyens de rebondir. Face à des militants troublés par les
résultats, il est important de donner une grille de compréhension de ce qui
s’est passé pour bâtir des perspectives. Nous avions déjà mis en garde, il y a
un an, alors que nous prenions nos distances avec le Parti de gauche, contre «
une analyse fantasmagorique de la situation française, décrite comme
quasi-prérévolutionnaire » servant de « justification à une orientation
protestataire-révolutionnariste » ne répondant pas aux attentes populaires
réelles. Au vu de la séquence qui s’achève, nous n’avons rien à retirer à cette
mise en garde qui nous apparaît au contraire prémonitoire. Dans ce texte, nous
nous contenterons de souligner quelques aspects essentiels, considérant que
d’autres contributions (rapport de Pierre Laurent, texte de Roger Martelli,
remarques de Pierre Khalfa, etc.) complètent utilement l’analyse
que nous proposons ici :
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