vendredi 29 juin 2012

Front de Gauche : et maintenant ? par Cl. Debons et J. Rigaudiat

La séquence électorale présidentielles-législatives est maintenant close. Le moins que l’on puisse dire est que la campagne du Front de Gauche aura connu des phases contrastées en passant du chaud au froid.
 
Le chaud, c’est la dynamique militante de la présidentielle, les grands meetings de masse, les liens tissés avec les entreprises en lutte et les syndicalistes, l’engouement populaire constaté ; même si, au final, il y a eu un décalage entre la dynamique militante forte et une dynamique électorale moindre. Il n’est pas anormal qu’après les échecs et déceptions accumulées depuis plusieurs années la remobilisation touche d’abord les franges les plus politisées ; pour les autres, il y faudra plus de temps.

Le froid, c’est le score des législatives, où le Front de Gauche progresse en voix et en pourcentage par rapport à 2007, mais recule sensiblement par rapport au score de la présidentielle — alors même que certains d’entre nous espéraient que la pression du « vote utile » serait moindre — et c’est la perte de députés sortants malgré des scores en progrès pour la plupart. Cela laisse le goût amer d’un groupe parlementaire diminué, d’un affaiblissement institutionnel rendant plus difficile de peser au quotidien sur le gouvernement, d’une image de défaite et d’échec propagée par les médias.

Même si la réalité est toujours plus complexe et contradictoire, même si l’acquis engrangé dans ces mois de campagne n’a pas disparu et constitue un socle substantiel pour continuer, il n’en demeure pas moins que le Front de gauche devra affronter l’avenir avec ces handicaps.

Il convient donc de se livrer à une analyse lucide de ce qui a conduit à un résultat bien éloigné de certaines affirmations (« nous serons en tête de la gauche », « nous allons devancer le Front national »), si l’on veut trouver les moyens de rebondir. Face à des militants troublés par les résultats, il est important de donner une grille de compréhension de ce qui s’est passé pour bâtir des perspectives. Nous avions déjà mis en garde, il y a un an, alors que nous prenions nos distances avec le Parti de gauche, contre « une analyse fantasmagorique de la situation française, décrite comme quasi-prérévolutionnaire » servant de « justification à une orientation protestataire-révolutionnariste » ne répondant pas aux attentes populaires réelles. Au vu de la séquence qui s’achève, nous n’avons rien à retirer à cette mise en garde qui nous apparaît au contraire prémonitoire. Dans ce texte, nous nous contenterons de souligner quelques aspects essentiels, considérant que d’autres contributions (rapport de Pierre Laurent, texte de Roger Martelli, remarques de Pierre Khalfa, etc.) complètent utilement l’analyse que nous proposons ici :
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