Par Andrée OGER, Conseillère générale communiste
C'est fait : le Parti socialiste peut gouverner seul la France. Mais pour mener quelle politique ?
Le Parti socialiste et ses alliés disposent d'une majorité
confortable à l'Assemblée nationale à l'issue des Législatives. Avec 316
sièges, les socialistes sont bien au dessus des 289 députés
nécessaires pour avoir une majorité absolue.
La situation est inédite en France pour la gauche socialiste
puisque, pour la première fois de notre histoire, le Sénat est lui aussi
contrôlé par le PS.
Après la timide victoire de François Hollande, le fort taux
d'abstention enregistré lors de ces élections législatives rend difficle
l'analyse du scrutin. Il semble bien toutefois qu'aucune
dynamique n'ait porté la "gauche" au pouvoir mais plutôt un rejet de
cinq ans de souffrance sous Sarkozy et une volonté de changement d'air.
Ceci étant, le PS est désormais aux manettes et ne doit pas décevoir
les espoirs qui se sont portés sur lui et ses candidats. Une politique
calamiteuse, dans la continuité idéologique du
libéralisme qui détruit la France depuis trente ans, serait un
désastre pour le peuple français et amènerait une déroute historique
pour la gauche socialiste.
Rigueur de gauche = Déroute de la gauche !
C'est ce qui a emporté les gouvernements socialistes de Zapatero en
Espagne ou de Papandréou en Grèce. Le PSOE espagnol est ainsi passé de
43,64 % des voix en 2008 à 28,73 % des voix en
2011 (- 15 %) tandis que le PASOK grec a connu un effondrement
encore plus brutal, passant de 43,9 % des voix en 2009 à 12,28 % le 17
juin dernier (- 31 % !) !
Dans ces deux pays, les partis socialistes ont tout bonnement menés des politiques d'austérité à sens unique, faisant payer aux seuls salariés les conséquences d'une crise dont
sont responsables les banques et les spéculateurs.
Convertis à un "réalisme politique" qui correspond en fait à une
démission face au pouvoir des multinationales et de la finance, ces
partis socialistes se sont retrouvés à gérer les affaires de
nations fragilisées selon les dogmes européens dictés par ceux-là
mêmes qui étaient responsables de la crise.
Le Parti socialiste français va t-il faire la même chose ou sera t-il en capacité de s'opposer aux marchés et à l'Europe ?
Les premières mesures prises par le gouvernement Ayrault pour le
compte de François Hollande vont pour certaines dans le bon sens mais
elles restent symboliques : diminution des salaires des
ministres et du Président, retour de la retraite à 60 ans pour
seulement une petite minorité de salariés, taxe sur les dividendes des
actionnaires qui ne représentera qu'un montant infime
des dividendes versés annuellement,...
D'autres mesures s'avèrent plus inquiétantes comme les engagements
de François Hollande sur la rigueur budgétaire ou la politique
internationale de la France qui ne dévie pas d'un pouce de celle
de Nicolas Sarkozy, on le voit sur l'Otan ou la Syrie.
Pendant toute la campagne présidentielle, François Hollande s'est évertué à rassurer les marchés financiers. Le fameux "i am not dangerous !" (je ne suis pas dangereux)
lancé à la City londonienne en est un moment fort.
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