Les
militants votent lundi et mardi sur une participation au gouvernement.
Le Front de gauche comptait dimanche soir sur l'élection d'une
dizaine de députés, dont 9 ou 10 communistes et un membre du Parti de
gauche, Marc Dolez, dans la 17e circonscription du Nord. Parmi
les élus, deux nouveaux: Gaby Charroux dans la 13e des
Bouches-du-Rhône et le maire de Vierzon, Nicolas Sansu, dans la 2e du
Cher. Secrétaire national du PCF, Pierre Laurent a été clair: ce n'est
«pas un bon résultat». «Nous avons payé cher notre autonomie», a-t-il jugé, estimant la situation «liée au double effet de la présidentialisation et du mode de scrutin».
Les communistes n'envisagent pourtant pas d'être privés de groupe à
l'Assemblée, même en l'absence des quinze députés nécessaires. «On va explorer toutes les pistes avant de demander
l'abaissement», a indiqué Pierre Laurent, qui compte sur le soutien de quelques élus d'outre-mer. Il a estimé «pas impossible» d'atteindre le seuil. Le secrétaire national
communiste est amer. Le Front de gauche «pèse 25 % des voix de
gauche à la présidentielle et 15 % des voix de gauche aux législatives
et nous aurons moins de 5 % des députés de gauche à
l'Assemblée nationale», a-t-il déploré, évoquant «une injustice démocratique».
Une participation au gouvernement n'est pas d'actualité chez les
communistes. Pas plus chez leurs alliés. Patrick Braouezec en a rêvé un
temps. C'était avant que le député sortant de
Seine-Saint-Denis ne se maintienne face au candidat PS arrivé en
tête au premier tour, et qu'il soit battu. Interrogée sur une
participation gouvernementale du PCF, Marie-George Buffet a laissé
entendre qu'elle n'y était pas favorable et que son parti serait «autonome et constructif».
Vendredi sur RTL, Pierre Laurent a donné «tort» au gouvernement qui
veut fixer le déficit à 3 % du PIB en 2013, jugeant que ce ne serait «pas tenable». «Si
on continue dans cette
voie-là, à l'arrivée, non seulement nous n'aurons pas de sortie de
crise, mais nous n'aurons pas la réduction des déficits annoncée.» Et il a rappelé que «si aucune des mesures
importantes, structurelles» proposées par le Front de gauche «n'est prise en compte, les conditions risquent de ne pas être réunies» pour participer au gouvernement. Sachant que le
premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ne doit pas non plus les supplier.
Les militants communistes voteront sur cette question de la
participation du PCF au gouvernement. Ils sont autour de 70.000, selon
la direction. Les militants s'exprimeront sur la base d'une
résolution adoptée lundi par le conseil national du PCF. Mercredi,
enfin, une conférence nationale, à Paris, réunissant près de 500
délégués, «prendra ses décisions sur la base des résultats
du vote».
«Attitude sectaire »
Mais plus qu'une participation de la gauche radicale au
gouvernement, c'est de l'entrée possible d'une partie dissidente du
Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) dans le Front de gauche qu'il sera
question. Mardi, des représentants du courant Gauche
anticapitaliste, qui ont quitté le NPA cet hiver, ont rendez-vous avec
quelques responsables pour en parler. Parmi eux, l'ex-bras droit
d'Olivier Besancenot, Pierre-François Grond, qui a soutenu Jean-Luc
Mélenchon à la fin de sa campagne présidentielle. «Des éléments nouveaux sont intervenus, dit-il, qui
nous
incitent à rejoindre le Front de gauche et à rompre avec l'attitude
sectaire des actuels dirigeants du NPA: la place prise par le FN, les
orientations politiques austéritaires de François
Hollande et la force de la crise qui s'annonce.»
Selon Pierre-François Grond, «quelque chose de très profond»
se passe pour l'extrême gauche, alors que ni Lutte ouvrière ni le NPA
ne vont pouvoir bénéficier des subsides de l'État du
fait de leurs trop faibles scores… Certains militants restés au NPA
attendraient le conseil national du parti, fixé au 7 juillet, pour
tenter d'orienter les votes en direction du Front de gauche.
Avec risque d'explosion du parti à la clé. «Ce serait une faute
de croire que notre score aux législatives, résultat d'une
présidentialisation dénoncée, est la preuve d'un affaiblissement du
Front de gauche», assure Éric Coquerel, du Parti de gauche. «Ce n'est qu'un ressac, et les événements économiques en Europe vont vite nous redonner la main…»
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