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La retraite à 60 ans pour celles et ceux qui ont commencé à travailler
très jeunes vient d’être rétablie par décret. Mais les inégalités devant
la mort – et donc la retraite – demeurent : les ouvriers vivent en
moyenne six ans de moins que les cadres. L’espérance de vie sans
incapacité a diminué en France. En Allemagne, où les bas salaires se
massifient, les plus pauvres ont même perdu deux ans d’espérance de vie
alors qu’ils travaillent plus.
Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault doit décider avant l’été d’un
décret pour revenir partiellement à la retraite à 60 ans. Un premier
pas. Car reculer l’âge de la retraite pénalise avant tout les ouvriers,
qui vivent toujours moins longtemps que les cadres, alors que
l’espérance de vie continue à augmenter. Pire, en Allemagne, l’espérance
de vie des travailleurs aux salaires les plus bas a même eu tendance à
baisser ces dix dernières années.
Le décret aménageant l’âge légal de départ en retraite vient d’être
publié par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Il permet à des
salariés âgés de 60 ans, ayant commencé à travailler à 18 ou 19 ans, de
partir en retraite à condition de réunir 166 trimestres cotisés. Cela
concerne les personnes nées à partir de 1955. Un nombre limité de
trimestres pourra être pris en compte au titre du chômage et de la
maternité. Ce retour partiel aux 60 ans était une promesse de campagne
de François Hollande. Selon la CGT, « il s’agit d’une décision marquante qui rompt avec les politiques menées partout en Europe » mais qui « doit s’inscrire dans une dynamique de retour aux 60 ans pour tous » [1]. Car en Europe, l’espérance de vie ne progresse pas pour tout le monde, loin de là.
En France, l’espérance de vie en bonne santé diminue
Reculer l’âge de départ à la retraite pénalise avant tout les
travailleurs les plus pauvres, qui vivent moins longtemps que les
autres, alors même que l’espérance de vie générale continue d’augmenter.
Une étude
de l’Insee soulignait fin 2011 la constance des inégalités sociales
face à la mort. Un homme cadre supérieur de 35 ans peut aujourd’hui
espérer vivre jusqu’à 82 ans. Mais un ouvrier du même âge a une
espérance de vie de seulement 76 ans, soit six ans de moins [2].
L’écart entre cadre et ouvrier atteint même dix ans pour l’espérance de vie en bonne santé, qui a baissé de presque un an en France entre 2009 et 2010 : 61,9 ans pour les hommes [3] (lire aussi notre article).
L’écart est moins marqué chez les femmes, avec trois années de
différence d’espérance de vie entre cadres et ouvrières. Mais les
disparités demeurent : une ouvrière de 2012 est au même niveau qu’une
cadre dans les années 1980.
Le risque de mourir plus tôt que la moyenne est aussi très différent
selon les catégories sociales. Un ouvrier de 35 ans a, par exemple, deux
fois plus de risque de mourir avant 60 ans qu’un cadre du même âge
(13 % de risque contre 6 %) [4]. Ces écarts restent les mêmes depuis un quart de siècle (lire aussi : Toutes les 3 minutes, un salarié européen meurt à cause de son travail).
En Allemagne, l’espérance de vie des plus pauvres recule
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