Monsieur le président de la République,
Le
sommet européen des 28 et 29 juin auquel vous vous apprêtez à
participer est d'une extrême importance. L'Union européenne, toujours
dans la tourmente, « doit être réorientée », comme vous l'avez souligné
dans votre campagne électorale. L'élaboration de mesures nouvelles,
rompant avec les logiques d'austérité qui s'avèrent chaque jour plus
injustes et plus désastreuses, demeure un impératif pour sortir
durablement de la crise.
C'est aussi le premier sommet où vous engagerez la parole et la
politique de la France. Il s'agit maintenant de traduire, dans les
actes, le changement pour lequel les Français vous ont élu.
À l'occasion de votre discours le 22 janvier au Bourget, vous avez
pris l'engagement de « renégocier le traité européen, issu de l'accord
du 9 décembre », c'est-à-dire le traité élaboré par Nicolas Sarkozy et
Angela Merkel. Cinq mois plus tard, le respect de cet engagement paraît
plus nécessaire que jamais.
Les Français ont décidé de tourner la page de la politique de Nicolas
Sarkozy. Il serait donc incompréhensible que nos politiques budgétaires
continuent à être dictées par ce traité, et pire, qu'elles soient
soumises à un contrôle accru de Bruxelles au mépris de la démocratie
parlementaire et de la souveraineté populaire.
Nos concitoyens ont déjà été floués après leur « non » au TCE en
2005. Aujourd'hui, le maintien en l'état du Traité sur la stabilité, la
coordination et la gouvernance (TSCG) serait un nouveau déni de
démocratie.
Ensuite, et surtout, les développements de la crise au sein de l'UE
montrent qu'aucun assainissement de la situation financière des États
membres ne sera obtenu en s'entêtant dans la voie actuelle.
Sans une politique de relance construite sur de nouveaux modèles de
développement, sans dégager nos grands choix d'investissements de la
dépendance et des injonctions de rentabilité des marchés financiers, la
sortie de crise fuira comme la ligne d'horizon au fur et à mesure des
prétendues avancées de la coordination économique européenne. Celles-ci,
au contraire, tendent à transformer l'Europe en champ clos dominé par
les grands groupes, comme l'ont souhaité dans une récente tribune les
PDG de Telecom Italia, Axa et Siemens.
Ce qui se profile à l'ouverture du sommet européen nous inquiète au plus haut point.
Le pacte budgétaire, ou TSCG, sortirait intact du Sommet. Il serait
le seul texte considéré comme contraignant, et donc, avec les Mécanismes
européens de stabilité qui conditionnent l'octroi de fonds au respect
des injonctions du traité budgétaire, le seul soumis à ratification des
États.
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