Quelle stratégie et quel programme pour la CGT ?
L’état d’esprit à la CGT a été modifié par la crise économique et
les coups portés par dix années de gouvernements de droite. Pour la
première fois, le Comité Confédéral National de la CGT, qui est sa
direction élargie, a exigé que la confédération appelle explicitement à
battre Sarkozy et à un « changement de politique ». Face à l’austérité,
la direction confédérale a élaboré un programme de réformes sociales qui
repose sur la redistribution des richesses (les « 10 propositions »).
La division artificielle longtemps entretenue entre l’action syndicale
et les idées politiques s’effrite. La régression sociale générale
qu’imposent les capitalistes pousse les dirigeants syndicaux à répondre à
la question : comment l’économie doit-elle être gérée pour défendre les
intérêts des travailleurs ?
Pendant dix ans, les militants CGT ont été à l’avant-garde des
mobilisations contre la politique réactionnaire de la droite. Ils ont
joué un rôle clé dans les mobilisations, notamment contre la casse des
retraites et de la fonction publique. Mais à l’exception de la lutte
contre le CPE, en 2006, toutes les grandes mobilisations ont été mises
en échec. Malgré ces échecs, la combativité des militants CGT reste très
élevée. La conséquence de ces défaites est plutôt de favoriser une
critique croissante de la stratégie suivie, qui consistait en des
journées d’action isolées, sous prétexte du maintien d’une
intersyndicale nationale dont certaines composantes ne sont pas
favorables à l’extension de la grève. Beaucoup de militants CGT se
disent aujourd’hui : « Mieux vaut rompre avec la direction de l’UNSA en
reconduisant tout de suite la grève plutôt que de convoquer une nouvelle
journée d’action dans dix jours en laissant le temps aux capitalistes
de souffler !»
Programme politique
Le programme politique formulé par la CGT dans ses « 10
propositions » rejoint celui du Front de Gauche. Il s’oppose à
l’austérité. Il correspond au sentiment général de la base de la CGT et
peut se résumer par le slogan : « Aux capitalistes de payer leur
crise ! » Ceci annonce déjà des désaccords avec François Hollande.
Puisque les dirigeants socialistes n’entendent pas rompre avec la
gestion capitaliste de l’économie, ils sont condamnés à une politique de
rigueur. Tout au plus prendront-ils des gants. Aussi, la victoire de la
gauche aux élections ne signifie pas la fin du combat mené par les
militants CGT depuis dix ans. De nouveaux reculs sociaux sont à l’ordre
du jour – et donc de nouvelles grandes luttes des jeunes, des salariés
et des retraités.
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