Je suis étonné de la position prise par François Hollande hier à la
télévision grecque. Cette mise en garde contre un vote qui conduirait
certains pays à préférer « en terminer avec la présence de la Grèce dans
la zone euro », à quelques jours des élections, est déplacée. Le peuple
grec est souverain et il ne peut y avoir de « mais » au respect de
cette souveraineté.
Cette pression est contraire à l'intérêt de la France et à la volonté
affichée de réorienter la politique européenne et de renégocier le
traité. Alors que les Français viennent de s'exprimer pour le
changement, il convient désormais de s'appuyer sur toutes les
aspirations similaires qui émergent en Europe, et très clairement en
Grèce, où le peuple veut s'émanciper du diktat des marchés et en finir
avec l'austérité.
La France ne doit pas appuyer le chantage de Mme Merkel et des
tenants du consensus libéral. La question n'est pas la sortie de la zone
euro ou non, mais sa refonte. Le vrai débat porte sur les mesures à
mettre en œuvre ensemble pour sortir de la crise. Nous savons que
l'austérité ne le permet pas, au contraire.
Je connais bien Syriza et Alexis Tsipras. Cette coalition est tout ce
qu'il y a de responsable. Elle respecte les choix de son peuple en
refusant les politiques d'austérité tout en souhaitant rester dans
l'Euro, comme le veulent 70% des grecs. Elle a produit un programme
économique d'investissement dans l'économie réelle et dans les services
publics, qui seul peut sortir la Grèce de la spirale récessive.
La France doit épauler cette démarche en se déclarant prête au
dialogue et à la coopération avec les forces de gauche en Grèce, en
demandant la remise en cause du rôle et des missions actuels de la
banque centrale européenne et en soutenant la proposition du Parti de la
gauche européenne, de créer une banque publique européenne au service
du développement social, solidaire et écologique.
Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et Président du Parti de la gauche européenne (PGE)
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