Le 21 décembre, le président de l'Etat plurinational de
Bolivie, Evo Morales, a choisi de célébrer le Solstice d'été sur l'Ile
du Soleil. A cette occasion, il a prononcé une allocution-manifeste :
"le Manifeste de l'Ile du soleil". Vue son importance, ce texte mérite
d'être largement connu; nous en avons traduit quelques passages, qui
nous semblent les plus représentatifs.
"Depuis l'Ile du soleil, depuis notre lac sacré Titicaca, nous
voulons vous dire que nous sommes réunis ce 21 décembre, non pas pour
attendre la fin du monde (...), mais pour donner de l'espoir en cette
aube nouvelle pour les peuples" (...).
"Cette Ile est fondatrice du temps et de l'histoire des fils du
Soleil. Mais ensuite est tombée l'obscurité, avec l'arrivée des
envahisseurs étrangers". (...) "Aujourd'hui, de cette Ile où naquit le
"Tahuantinsuyo", nous déclarons révolue l'époque de l'obscurité et du
"non-temps", tandis que s'ouvre le nouveau temps de la lumière, le
"Pachakuti" (légende andine traduisant la renaissance, les temps
nouveaux, la régénération de l'harmonie cosmique. J.O.). "A nouveau, les
peuples du monde, les mouvements sociaux, tous les marginalisés, les
discriminés, les humiliés s'organisent, se mobilisent, prennent
conscience et se lèvent comme au temps du "Pachakuti". Le monde est
plongé dans une crise globale (...). Le temps du capitalisme et de la
surconsommation illimitée, le temps d'une société où l'homme prétend
être supérieur à la Mère Terre, objet de sa domination impitoyable et
prédatrice, prend fin".
"D'un côté, toujours plus de capitalisme, de privatisations, de
mercantilisation, d'exploitation irrationnelle et dévastatrice des
ressources naturelles, et toujours plus de protection pour les
entreprises et les profits privés.
De l'autre, toujours moins de droits sociaux, moins de santé
publique, moins d'éducation publique et gratuite, moins de protection
des droits des personnes. Aujourd'hui, les sociétés et les peuples des
pays développés vivent dramatiquement la crise du capitalisme, engendrée
par les lois du marché. Ces gouvernements capitalistes croient que
sauver des banques, c'est plus important que sauver des êtres humains.
(...) Dans ce système capitaliste, les banques ont des droits
économiques privilégiés, et sont traitées en citoyens de première
catégorie, de telle sorte que les banques importent plus que la vie.
Dans cette jungle sauvage, les hommes et les peuples ne sont pas frères,
ne sont pas citoyens (...).
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