Samedi 7 décembre, se réunissait pour la première fois depuis les
élections du printemps le parlement du Front de gauche. Compte rendu des
débats.
Au début de la campagne de la présidentielle, le Front de gauche
avait créé une structure informelle, prenant le nom de « Conseil
national de campagne ». Désignée par consensus entre les composantes
organisées du Front, elle rassemblait des militants de ces organisations
aux côtés d’intellectuels et personnalités diverses de la « société
civile ». En fait, à l’orée d’une bataille électorale difficile, il
s’agissait de corriger la seule dimension de cartel partisan qui
marquait l’origine du Front de gauche.
Cette structure ne s’était plus réunie depuis l’élection. Elle l’a
fait samedi dernier, au siège du PCF, place du Colonel Fabien. En
présence de Pierre Laurent, qui présidait jusqu’alors la structure, et
de Jean-Luc Mélenchon, quelques dizaines de responsables ont pu ainsi
discuter à bâtons rompus des perspectives du Front. À la différence de
réunions du même type et quelque peu compassées, le ton de celle-là a
été franc, sans complaisance ni agressivité. Deux débats ont dominé la
réflexion : l’attitude à l’égard de la majorité gouvernementale et
l’avenir des structures mêmes du Front de gauche.
Sur le premier point, les différences se sont définies comme étant
davantage d’ordre tactique que stratégique. Les uns et les autres
conviennent que les choix retenus par le pouvoir socialiste relèvent
désormais d’une cohérence assumée, qui conduit la gauche à l’échec, avec
toutes les graves conséquences qui peuvent en résulter. Mais, à partir
de là, la gauche de gauche est confrontée à une double exigence, pas si
facile à maîtriser dans l’action concrète. D’un côté, la cohérence
officielle est telle que son refus doit être énoncé avec la clarté la
plus grande, hors de toute nuance plus ou moins grisâtre. D’un autre
côté, le refus ne peut être identifié au combat que mène la droite et ne
peut donc laisser supposer que les critiques de gauche ignorent le
clivage de la droite et de la gauche et, peu ou prou, font le jeu d’un
adversaire par ailleurs bien radicalisé. Dans l’espace politique du
Front de gauche, il n’est pas absurde de suggérer que les uns sont
plutôt sensibles à la première contrainte et les autres plutôt à la
seconde. La question du vote parlementaire sur le budget a donc continué
de distinguer les points de vue, les uns persistant à dire qu’il eût
mieux valu voter contre, les autres continuant à justifier l’abstention.
Mais, au final, chacun est enclin à ne pas survaloriser le choix du
vote, l’abstention des élus nationaux s’étant accompagnée d’une critique
suffisamment globale et radicale pour que l’abstention ne puisse pas
être lue comme une complaisance de quelque nature que ce soit.
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