vendredi 14 décembre 2012

Ce que « Florange » signifie

par Jean Paul Duparc
Le traitement du devenir du site sidérurgique de Florange, comme en novembre celui de la « compétitivité » conclu par 20 milliards de cadeaux fiscaux sans condition au patronat, et précédemment  la ratification du traité européen « Merkozy », en disent long sur la situation politique : « Les faits sont têtus ».
Economiquement, l’accord Ayrault-Mittal est un désastre. Loin d’engager un « redressement productif »de la filière industrielle, l’accord laisse le devenir de l’appareil productif de ce secteur stratégique aux mains de ses prédateurs. Avec comme seule boussole, la course à la rentabilité financière. L’annonce de 180 milliards d’investissement sur 5 ans est un leurre, pour plus des deux tiers, ces sommes étaient déjà prévues. L’emploi sera réduit, certes sans « Plan social », mais à petit feux, au rythmes des « mutations » et départs en retraite. Alors que des exemples en Allemagne et au Luxembourg, ainsi que l’étude de Pascal Faure en France,  montrent que des hauts fourneaux sont viables même s’ils ne sont pas au bord de mer, ceux de Florange restent, dans les faits, condamnés par l’accord.  Il est trop facile de vouloir s’en exonérer en renvoyant la responsabilité à la situation créée par l’OPA de Mittal sur Arcelor en 2006 : la lutte des salariés, et de nombreuses voix, soutenaient des pistes de propositions alternatives en 2012, y compris en recourant à une nationalisation du site. Le gouvernement n’en a pas voulu.
Idéologiquement c’est le triomphe au sein de la sphère du pouvoir socialiste de la mutation social-libérale. En 1981, il avait fallu 2 ans pour le « tournant de la rigueur ». En 1997-2000, on mettait en œuvre, non sans contradictions, les 35h. En 2012, en une petite poignée de mois, on est déjà totalement dans l’ornière social-libérale. Il ne s’agit pas seulement de « renoncement » d’un pouvoir pétri de bonnes intentions face à la pression du patronat. Certes la pression de madame Parisot est forte, on l’a encore vu avec ses déclarations qualifiant une possible nationalisation de  « tout simplement et purement scandaleuse ». Mais elle a eu le renfort immédiat du ministre Sapin cherchant lui aussi à enterrer cette hypothèse d’un «  on n’est plus en 1981 où on nationalisait la sidérurgie ». Il existe aujourd’hui une symbiose idéologique entre les élites socialistes et l’idéologie libérale, élites qui écrasent d’un talon de fer les objections de « l’aile gauche du PS », comme elle carbonise le consentant ministre Montebourg, ou écarte au Parlement toutes les propositions législatives du Front de gauche.
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