par Jean Paul Duparc
Le traitement du devenir du site sidérurgique de Florange, comme en
novembre celui de la « compétitivité » conclu par 20 milliards de
cadeaux fiscaux sans condition au patronat, et précédemment la
ratification du traité européen « Merkozy », en disent long sur la
situation politique : « Les faits sont têtus ».
Economiquement, l’accord Ayrault-Mittal est un désastre. Loin d’engager
un « redressement productif »de la filière industrielle, l’accord laisse
le devenir de l’appareil productif de ce secteur stratégique aux mains
de ses prédateurs. Avec comme seule boussole, la course à la rentabilité
financière. L’annonce de 180 milliards d’investissement sur 5 ans est
un leurre, pour plus des deux tiers, ces sommes étaient déjà prévues.
L’emploi sera réduit, certes sans « Plan social », mais à petit feux, au
rythmes des « mutations » et départs en retraite. Alors que des
exemples en Allemagne et au Luxembourg, ainsi que l’étude de Pascal
Faure en France, montrent que des hauts fourneaux sont viables même
s’ils ne sont pas au bord de mer, ceux de Florange restent, dans les
faits, condamnés par l’accord. Il est trop facile de vouloir s’en
exonérer en renvoyant la responsabilité à la situation créée par l’OPA
de Mittal sur Arcelor en 2006 : la lutte des salariés, et de nombreuses
voix, soutenaient des pistes de propositions alternatives en 2012, y
compris en recourant à une nationalisation du site. Le gouvernement n’en
a pas voulu.
Idéologiquement c’est le triomphe au sein de la sphère
du pouvoir socialiste de la mutation social-libérale. En 1981, il avait
fallu 2 ans pour le « tournant de la rigueur ». En 1997-2000, on mettait
en œuvre, non sans contradictions, les 35h. En 2012, en une petite
poignée de mois, on est déjà totalement dans l’ornière social-libérale.
Il ne s’agit pas seulement de « renoncement » d’un pouvoir pétri de
bonnes intentions face à la pression du patronat. Certes la pression de
madame Parisot est forte, on l’a encore vu avec ses déclarations
qualifiant une possible nationalisation de « tout simplement et
purement scandaleuse ». Mais elle a eu le renfort immédiat du ministre
Sapin cherchant lui aussi à enterrer cette hypothèse d’un « on n’est
plus en 1981 où on nationalisait la sidérurgie ». Il existe aujourd’hui
une symbiose idéologique entre les élites socialistes et l’idéologie
libérale, élites qui écrasent d’un talon de fer les objections de
« l’aile gauche du PS », comme elle carbonise le consentant ministre
Montebourg, ou écarte au Parlement toutes les propositions législatives
du Front de gauche.
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