Les
études s’accumulent pour démontrer par les chiffres ce que tout le
monde pressentait : la politique fiscale d’Emmanuel Macron favorise plus
que jamais les contribuables les plus riches. L’association Attac jette
un nouveau pavé dans la mare, pour alerter sur les risques de
régression sociale et dessiner les contours d’une politique alternative.
Ils annoncent la couleur dès la première phrase : « Jamais
un gouvernement de la Ve République n’avait osé décider d’une politique
fiscale aussi clairement en faveur des riches et de la finance. » Dans
leur dernier ouvrage (« Toujours plus pour les riches. Manifeste pour
une fiscalité juste »), les économistes d’Attac passent à la moulinette
les options économiques du pouvoir actuel, qui ne cache plus son
orientation ultralibérale en la matière. Hasard du calendrier, l’OFCE
(Observatoire français des conjonctures économiques) vient de sortir un
nouveau rapport qui tente d’estimer l’impact de la réforme fiscale
d’Emmanuel Macron sur les revenus des contribuables. Résultat des
courses : tout le monde en profite, certes, mais les plus modestes en
profitent un peu, et les riches beaucoup plus que les autres !
« En 2019, les ménages les plus aisés devraient rester
les premiers bénéficiaires des réformes entamées, écrit l’OFCE. À eux
seuls, les 5 % de ménages les plus aisés, et au sein d’eux, les 2 % les
plus riches, capteraient 42 % des gains à attendre de la mise en place
des mesures. » Dans le détail, les 5 % les plus aisés
rafleraient, en 2018, 3 190 euros par ménage en moyenne, grâce à la
réforme de l’imposition du capital – suppression de l’impôt sur la
fortune (ISF) et introduction d’un prélèvement forfaitaire unique sur
les revenus du capital. Une fois déduite la hausse de la CSG et de la
fiscalité indirecte (tabac et environnement), la ristourne fiscale
s’élève à environ 1 700 euros. Rappelons qu’il ne s’agit que d’une
moyenne : les milliardaires empocheront beaucoup plus…Les partisans de Macron (et les libéraux en général) invoquent souvent la « théorie du ruissellement », selon laquelle une réduction de la fiscalité pour les plus aisés finirait par profiter à tous, grâce à un regain d’investissements. Hélas, cette fable n’a jamais été démontrée. Pire, dans le cadre du capitalisme boursier, les cadeaux fiscaux faits aux plus riches risquent surtout d’alimenter les bulles financières. « La richesse ne ruisselle pas vers le bas, elle est pompée vers le haut ! » résument les économistes d’Attac.
Comment savoir si un système fiscal est juste ? Quand il est « composé de taxes prenant en compte la situation des différentes catégories de contribuables », écrivent-ils. Or c’est la loi inverse qui régit la fiscalité française : en 2017, la TVA (impôt le plus injuste car ne tenant pas compte de la situation financière de chacun) représentait 51 % des recettes de l’État, alors que l’impôt sur le revenu (le plus juste car progressif) ne représentait que 25 %.
dégâts collatéraux
Pour Attac, les dégâts collatéraux de cette politique fiscale ne se limitent pas au creusement – dramatique – des inégalités : par son iniquité revendiquée, elle risque aussi de miner le « consentement à l’impôt », en accréditant l’idée que ce dernier est nécessairement injuste et contraire à l’intérêt général.
Comment faire face au danger ? En modifiant de fond en
comble le système fiscal. Dans leur livre, les économistes avancent
plusieurs pistes de réformes répondant, selon eux, à un double impératif
d’équité sociale et d’efficacité économique. Pas question de révolution
ici, mais d’une remise à plat complète. Au programme : réforme de
l’impôt sur le revenu (avec suppression de la plupart des niches et
augmentation de sa progressivité) ; élargissement de l’ISF à l’ensemble
des actifs (immobilier, produits financiers…) ; réforme de l’impôt sur
les sociétés (avec maintien d’un taux réduit pour les PME et suppression
du crédit d’impôt compétitivité) ; baisse de la TVA… Sans oublier une
réforme de la fiscalité verte, qui renchérisse la tonne de CO2 (gaz
carbonique) produite, tout en prévoyant des mesures compensatoires pour
les plus modestes.
Pour que ces pistes ne se limitent pas à un catalogue de
bonnes intentions, et l’exigence de justice fiscale à un vœu pieux, il
reste encore à construire un rapport de forces politique, ce qui n’est
pas une mince affaire. Comme le disent justement les auteurs, la
fiscalité est bien l’affaire de tous…
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