L'éditorial de Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité.
En
ces temps si incertains, si troublés, nos souhaits de bonheur, de santé
et de paix pour l’année nouvelle ne peuvent qu’être accompagnés de vœux
combatifs et fraternels. En effet, si le bonheur reste une idée neuve,
elle s’évanouit vite lorsqu’elle est éprouvée au cœur d’un océan de
malheurs et qu’une infime minorité conditionne la vie des autres.
Nier le fort mouvement
de reflux des idées et combats progressistes n’aurait aucun sens. Mais
refuser de voir que germent des luttes nouvelles porteuses
d’émancipation non plus. Un mouvement mondial des femmes, inédit, se
lève. L’aspiration à la justice sociale et écologique contre les paradis
fiscaux et l’enfer d’une planète qui se consume grandit. La solidarité,
et l’hospitalité, avec les migrants, malgré des gouvernements sans
cœur, est là. Le refus des guerres et des tensions alors qu’un peu
partout retentissent les bruits des canons se fait entendre. Des
expériences nouvelles pour des projets sociaux, coopératifs,
écologiques, numériques alternatifs, portés par des salariés, ouvriers,
cadres, ingénieurs, chercheurs comme par des paysans, des jeunes nourris
d’audace et d’inventivité, se multiplient. Oui, l’aspiration à « autre
chose », à inventer la société et le monde de demain, est bien réelle
mais pas encore assez puissante. Qui peut, en effet, accepter ou
justifier que les plus riches de la planète viennent d’engranger mille
milliards de dollars supplémentaires quand galopent les inégalités, que
se répand la pauvreté et que le chômage est une plaie béante sur le
front du capitalisme financier ? Une large unité de l’immense majorité
de celles et ceux qui subissent ce système peut être possible. Elle est
d’autant plus indispensable que, dans les semaines à venir, les
travailleurs, les privés d’emploi, les retraités, les collectivités
locales vont commencer à subir les effets des premières décisions
désastreuses du pouvoir macronien. C’est maintenant qu’il nous faut être
à leurs côtés pour réagir dans l’unité et mettre d’autres choix en
débat.
Le cynique jeu du président de la République, cherchant
l’unité nationale derrière les puissances d’argent, peut être mis en
échec. Il compte sur une vie politique anémiée, un débat public
sclérosé, une gauche divisée, des syndicats affaiblis pour avoir les
coudées franches afin de s’attaquer au salaire minimum, ouvrir la chasse
aux chômeurs, brader à nouveau les actifs publics, laisser pourrir la
situation à l’hôpital ou dans les transports publics pour les offrir au
privé, présenter une loi scélérate sur l’immigration, renforcer l’Europe
de l’argent et provoquer une révision constitutionnelle qui vise à
réduire le périmètre d’une démocratie déjà bien malade. Nous pouvons
compter sur notre nombre, notre aspiration démocratique et notre soif de
justice.
Malgré ses difficultés et ses moyens trop insuffisants, l’Humanité
veut non seulement vous accompagner dans l’année qui vient et vous être
utile, mais se portera au-devant des débats et des combats à venir.
Elle veut être plus et mieux le journal du rassemblement de toutes
celles et ceux qui ont pour ambition d’imposer des reculs et de changer
le système. Source originale d’informations, d’analyses et force de
propositions, l’Humanité s’efforcera de décupler le retentissement des
combats pour l’émancipation sociale, écologique, démocratique,
politique, culturelle.
Formons pour cette année nouvelle des vœux qui nous
obligent toutes et tous : celui de l’unité populaire, dans la riposte
sociale et politique, pour que reculent pauvreté et inégalités, et celui
d’entendre le silence des armes pour écouter, enfin, le si beau chant
du monde.
Bonne année !
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