Le
ministre de l'écologie était opposé depuis longtemps à ce "projet du
XXe siècle", "ruineux, inhumain et inutile". Et beaucoup avaient fait du
sort du dossier, paralysé depuis plus de 40 ans, un marqueur de son
influence réelle au sein du gouvernement, à même de le pousser à claquer
la porte.
L'abandon du projet
Le projet de construction d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes "sera
abandonné" car les "conditions" de sa mise en oeuvre "ne sont pas
réunies", et le gouvernement mettra "fin à la zone de non-droit" sur le
site, a annoncé mercredi le Premier ministre Edouard Philippe.
Le président du syndicat mixte aéroportuaire (SMA) Philippe
Grosvalet avait auparavant indiqué à l'AFP que le projet était
abandonné, après avoir eu au téléphone un conseiller du Premier
ministre.
Les "terres" sur lesquelles le projet devait être édifié ne seront
pas gardées par l'Etat, a précisé Edouard Philippe, qui a annoncé que
l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique serait "modernisé" avec une
procédure engagée pour "rallonger la piste", ainsi que celui de Rennes
"si la région le souhaite".
Le rôle du ministre de l'écologie ?
Nicolas Hulot avait-t-il posé le dossier sur la table avant
d'accepter d'entrer au gouvernement, en mai 2017 ? Début 2016, il avait
décliné l'offre de ministère faite par François Hollande faute
d'assurances notamment sur l'abandon du projet.
L'intéressé assure qu'"il n'y a jamais eu de deal" passé avec le
Premier ministre Edouard Philippe. "J'ai dit à Edouard Philippe et
Emmanuel Macron quelles étaient mes convictions profondes. Mon
opposition à ce nouvel aéroport était donc connue de tous".
Nicolas Hulot "n'a pas fait de chantage sur ce sujet, ni à son
entrée au gouvernement, ni ces derniers jours", assure le député LREM
Matthieu Orphelin, un proche.
Le candidat Emmanuel Macron avait, dès février 2017, annoncé au WWF
son intention de lancer une médiation, se montrant plus ouvert
qu'auparavant à une modernisation de l'actuel aéroport
Nantes-Atlantique.
"Vous n'imaginez pas une seconde qu'avec Nicolas Hulot entré au
gouvernement, Notre-Dame-des-Landes puisse se faire!", avait jugé Pascal
Canfin, directeur du WWF, au lendemain de la nomination du ministre.
Agiter une menace de démission, "ce n'est pas ma conception de la
démocratie", a récemment assuré le populaire ministre. "Je ne veux rien
obtenir par le chantage. Ce ne serait pas sain, ni durable".
Depuis la publication mi-décembre du rapport jugeant
"raisonnablement envisageables" les deux options (NNDL ou extension de
Nantes-Atlantique), Nicolas Hulot était néanmoins revenu dans le jeu
discrètement, au côté d'autres ministres, recevant les élus avec Edouard
Philippe chargé de conduire le dossier.
Né dans les années 60, relancé en 2000, attribué à Vinci par appel
d'offres en 2010, l'aéroport "du Grand Ouest" a traversé un demi-siècle
sans mise en chantier. Sous le quinquennat de François Hollande, un
référendum consultatif local en Loire-Atlantique avait débouché sur une
vote favorable (55,17%) au projet.
Le sort de la ZAD
Par ailleurs, a poursuivi M. Philippe, "nous mettrons fin à la zone
de non-droit qui prospère depuis près de dix ans sur cette zone".
"Les trois routes qui traversent le site de Notre-Dame-des-Landes
doivent maintenant être rendues à la libre circulation pour tous. Les
squats qui débordent sur la route doivent être évacués, les obstacles
retirés, la circulation rétablie. A défaut, les forces de l'ordre
procèderont aux opérations nécessaires", a-t-il prévenu.
"Conformément à la loi, les agriculteurs expropriés pourront
retrouver leurs terres s'ils le souhaitent. Les occupants illégaux de
ces terres devront partir d'eux-mêmes d'ici le printemps prochain ou en
seront expulsés", a poursuivi Edouard Philippe.
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