Le ministre de l’Économie a beau répéter que sa politique n’est pas une politique d’austérité, il continue pourtant de marteler la prétendue nécessité de réduire les dépenses publiques. Après avoir annoncé un plan de 10 milliards d’euros d’économie, Bruno Le Maire a, dans un entretien au Monde, promis un possible « projet de loi de finances rectificative à l’été, si nécessaire », puis plaidé la nécessité de trouver au moins 12 milliards d’euros d’économies supplémentaires en 2025. La purge austéritaire est en marche.
Réduire les dépenses publiques, mais sans politique d’austérité ?
« Je vous rassure, on est très loin de l’austérité quand on est à 58 % de dépenses publiques dans le PIB ! », se targue Bruno Le Maire. Pourtant, l’objectif est clair : orchestrer des coupes budgétaires pour tenter de résorber le déficit public. Ces économies, qui visent notamment la transition écologique, le travail ou l’éducation, doivent permettre au gouvernement de respecter son objectif de réduire le déficit public à 4,4 % du produit intérieur brut en 2024. Mais le ministre de l’Économie refuse pourtant d’incarner la politique d’austérité qu’il mène. « À un moment donné, il faut simplement refroidir la machine, parce que la croissance subit les conséquences du nouvel environnement géopolitique et que les recettes fiscales diminuent. Quand on gagne moins, on dépense moins », explique-t-il.
Sur le long terme, Bruno Le Maire explique dans le Monde que l’objectif est « un retour au déficit sous les 3 % » en 2027, et dit viser « un budget à l’équilibre en 2032 », ce « que nous n’avons pas connu depuis 1974 ». Le gouvernement a dû abaisser sa prévision de croissance à 1 % pour 2024, contre 1,4 % dans le budget initial. Un chiffre nettement supérieur au consensus des conjoncturistes et que le Haut Conseil des finances publiques avait jugé « élevé » dès son dévoilement en septembre, rapporte l’Agence France-Presse.
Les 10 milliards d’euros d’économie auront pourtant de réelles conséquences. Par exemple, 1 milliard d’euros va être prélevé sur le dispositif MaPrimeRénov‘ (sur 5 milliards d’euros prévus pour 2024) : lancée en 2020, cette aide publique permet aux propriétaires de financer une partie des travaux de rénovation énergétique de leur logement (isolation thermique, installation d’une pompe à chaleur, dépose d’une cuve à fioul, etc.). Le ministère de l’Écologie est d’autre part le plus touché, à hauteur de plus de 2 milliards d’euros (soit 20 % de l’ensemble des économies). Parmi les enveloppes rognées, le poste « énergie, climat et après-mines » perd 1,3 milliard d’euros. Autre grande victime, le ministère de l’Emploi, qui perd 1,1 milliard (dont 863 millions d’euros pour « l’accompagnement des mutations économiques », qui concerne notamment la prévention des licenciements et le reclassement de licenciés). De son côté, le ministère de l’Éducation nationale perdra près de 700 millions d’euros.
En revanche, il n’est toujours pas question pour Bercy d’augmenter à l’échelle de la France les impôts des plus fortunés ou des grandes entreprises. « Je suis opposé depuis sept ans à toute augmentation des impôts. Dans un pays qui a un des niveaux de pression fiscale les plus élevés au monde, c’est une impasse », martèle le ministre. Les grands groupes ont pourtant enregistré des bénéfices records en 2023, dont profitent largement leurs actionnaires avec des dividendes qui ont aussi battu des records.
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