Dans une tribune signée par Léon Deffontaines et Assan Lakehoul, parue dans Marianne, et une autre publiée par Fabien Roussel, les dirigeant du PCF mettent en garde les va t’en guerre. Ils dénoncent les déclarations d’Emmanuel Macron sur l’envoi de troupes en Ukraine.
Pour le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, « il faut tout tenter pour enrayer la spirale de la guerre ». Pour Léon Deffontaines, candidat du parti communiste aux élections européennes, et Assan Lakehoul, secrétaire général du Mouvement des jeunes communistes, « en cas de conflit, ce sont toujours les enfants d’ouvriers, d’agriculteurs, d’artisans ou d’aides soignants qui sont envoyés au front, moins les enfants de bourgeois ». Alors que les va-t-en guerre écument les plateaux de télévision après que le président de la République a laissé entendre que des troupes au sol pourraient intervenir dans la guerre en Ukraine, les communistes se mobilisent et donnent de la voix pour la paix.
Un appel à mobiliser l’ONU et ses casques bleus
L’ancien candidat du PCF à la présidentielle s’était déjà exprimé solennellement dans une tribune publiée sur X (ex-Twitter) le 24 février. « Ayons l’ambition d’ouvrir des négociations permettant d’accéder à un cessez-le-feu et au retrait des troupes russes », écrit notamment Fabien Roussel, « tout en continuant à aider l’Ukraine à se défendre de l’agression dont elle fait l’objet ». « Mobilisons l’ONU et ses casques bleus », ajoute le dirigeant du PCF.
Léon Deffontaines et Assan Lakehoul ont eux signé une tribune publiée par l’hebdomadaire Marianne le 29 février. Après de violentes critiques formulées à son encontre par les partisans de l’escalade guerrière, la tête de liste communiste aux élections européennes a pris la plume avec le dirigeant national des JC, âgé comme lui de 27 ans, pour refuser d’être « une génération sacrifiée ». « Peu à peu, comme en 1914, l’Europe se transforme en poudrière, au grand dam des jeunes générations qui voient se dessiner la perspective d’un avenir indésirable », écrivent-ils dans Marianne.
Ils accusent Emmanuel Macron de s’être « livré à une improvisation diplomatique solitaire, dangereuse et nuisible pour notre sécurité collective ». Le président de la République, « épaulé par une partie de la gauche et la Commission européenne, s’est selon eux jeté dans les bras de tous ceux qui considèrent que les armes valent mieux que des vies ». Pour Léon Deffontaines et Assan Lakehoul, la jeunesse est une « cible des va-t-en guerre ». « À ceux-là, prêts à sacrifier la jeunesse sur un front sur lequel ils n’iront pas, nous écrivons aujourd’hui que leur guerre n’est pas la nôtre, comme elle n’est pas celle des jeunes Ukrainiens et Russes ».
La tribune de Léon Deffontaines et Assan Lakehoul
Léon Deffontaines et Assan Lakehoul : “Jeunesse de France, contre les va-t-en guerre, refusons la guerre”
À l’heure où les va-t-en-guerre préparent les nouvelles générations à un conflit globalisé, les mots de Boris Vian nous reviennent en mémoire : « S’il faut donner son sang, allez donner le vôtre, vous êtes bon apôtre, Monsieur le président ». En cas de conflit, ce sont toujours les enfants d’ouvriers, d’agriculteurs, d’artisans ou d’aides soignants qui sont envoyés au front, moins les enfants de bourgeois.
Paix, où es-tu ?
Il y a 67 ans, l’Europe des nations naissait sur la promesse d’une paix perpétuelle entre des peuples meurtris par des guerres destructrices. Hélas, cette aspiration originelle semble s’éloigner de jour en jour, suivant une fatalité dont seule l’histoire a le secret.
Depuis deux ans, aux portes de l’Union européenne, la guerre fait rage en Ukraine, agressée par la volonté d’un homme soucieux de redonner à son pays sa splendeur tsariste. Vladimir Poutine, puisqu’il faut bien nommer l’auteur de cette infamie, a plongé le monde dans l’obscurité et entraîné la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes. Cette tragédie humaine qui frappe les Ukrainiennes et les Ukrainiens n’a pour l’heure pas trouvé de débouché pacifique. La faute en revient en partie aux pays européens qui ne parviennent pas à imposer une solution diplomatique pour mettre fin à ce conflit. Pis, faisant le constat de leur échec, ils s’inscrivent désormais dans une logique guerrière qui n’augure rien de bon pour la concorde universelle.
Poudrière
Partout en Europe, des milliards sont ainsi dépensés pour augmenter les capacités d’armement, au détriment du financement de politiques publiques indispensables à la résolution des crises sociales et écologiques qui touchent l’ensemble du continent. La France, comme souvent, n’échappe pas à cette règle. Par décret, Bruno Le Maire a procédé à une coupe sombre dans le budget de la nation, amputant l’École, l’Université, la Recherche, la Santé et la Culture de 10 milliards d’euros, tandis que la Défense subit une perte de 123 millions d’euros seulement, sur un budget de 56,7 milliards. À nous l’inflation et l’austérité. Aux marchands d’armes et aux profiteurs de guerre l’abondance et les bénéfices.
Peu à peu, comme en 1914, l’Europe se transforme en poudrière, au grand dam des jeunes générations qui voient se dessiner la perspective d’un avenir indésirable. À vrai dire, rien n’est fait pour les en détourner, puisqu’à en croire Emmanuel Macron et Ursula Von der Leyen, il est désormais possible d’envoyer des troupes sur le sol ukrainien, ce qui ferait de nous des cobelligérants et entraînerait inévitablement le conflit dans une dimension mondiale, entre puissances nucléaires.
Une fois encore, le chef de l’État s’est livré à une improvisation diplomatique solitaire, dangereuse et nuisible pour notre sécurité collective. En adoptant cette solution belliciste, aussitôt contestée par nos partenaires européens, il rompt brutalement avec la position diplomatique historique de la France, et tourne le dos à Jacques Chirac lorsque celui-ci affirmait que la « guerre était toujours un constat d’échec ».
Postures, et non pas diplomatie
À force d’épouser des postures martiales et une sémantique qui fait de cette guerre « la nôtre » et de la Russie « notre ennemi », Emmanuel Macron, épaulé par une partie de la gauche et la Commission européenne, s’est jeté dans les bras de tous ceux qui considèrent que les armes valent mieux que des vies.
À ceux-là, prêts à sacrifier la jeunesse sur un front sur lequel ils n’iront pas, nous écrivons aujourd’hui que leur guerre n’est pas la nôtre, comme elle n’est pas celle des jeunes Ukrainiens et Russes. À ceux-là, nous disons notre refus obstiné de contribuer en quoi que ce soit au malheur de ce monde et à la satisfaction d’un capitalisme vorace qui se nourrit des ravages provoqués par les conflits armés. À ceux-là, nous affirmons que notre place se trouve à l’université, au travail, dans nos villes, dans nos quartiers ou dans nos villages, à vivre, auprès des nôtres.
C’est à cette jeunesse, cible des « va-t-en guerre », que je m’adresse aujourd’hui. Suivant les mots du grand Jean Jaurès, inestimable travailleur de la paix, je vous demande « qu’allez-vous faire de vos 20 ans ? ». Car bien que cette guerre ne soit pas la nôtre, elle nous concerne. Refusons d’être menés à l’abattoir comme nos ancêtres par le passé, pour alimenter les profits et les haines de certains. Ne payons pas le tribut d’une guerre alimentée par nos dirigeants et les va-t-en guerre. Il n’y a pas de solution militaire au conflit engagé aux frontières de l’Europe, sauf à consentir à l’engrenage d’une guerre généralisée et possiblement nucléaire.
À notre génération
Tous deux âgés de 27 ans, la question nous est également posée. Et notre réponse est toute trouvée. L’heure est à la mobilisation. Non pas pour cette guerre infâme que certains vous promettent, mais pour la paix, quand bien même celle-ci paraît difficile à atteindre. C’est à la fois le plus exigeant des combats humanistes, mais c’est aussi le plus beau. Prenons exemple sur nos glorieux aînés qui nous ont laissé en partage les souvenirs des atrocités commises dans le passé au nom de la guerre que certains espèrent aujourd’hui. Quelques jours après la panthéonisation de Missak Manouchian, symbole des étrangers morts pour la France, gardons en tête ses derniers mots : « Bonheur à tous, bonheur à ceux qui vont survivre. Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand ».
N’attendons pas d’atteindre les millions de morts pour dire : « Plus jamais la guerre ! ». Refusons le piège qui nous est tendu et marchons ensemble sur le chemin de la paix. Il est temps de redonner sens à la grande paix humaine appelée de ces vœux par Jaurès. Nous ne serons pas la génération sacrifiée !
Une mobilisation pour la paix, sans naïveté à l’égard du régime russe
« L’heure est à la mobilisation », écrivent également les deux dirigeants communistes. « Non pas pour cette guerre infâme que certains vous promettent, mais pour la paix, quand bien même celle-ci paraît difficile à atteindre. » Une mobilisation qui se veut également sans naïveté aucune à l’égard du régime russe. « Oui, nos libertés, notre sécurité sont menacées, en France, en Europe », rappelle ainsi Fabien Roussel dans son texte publié sur les réseaux sociaux.
« Menacées par la montée des nationalismes incarnée autant par Poutine à l’est, par les partis d’extrême-droite en Europe que par Trump à l’ouest », prévient le secrétaire national du PCF qui appelle à travailler à « une véritable autonomie stratégique de l’Europe capable de s’émanciper des États-Unis ». « Cela implique de construire notre propre traité de sécurité collective, notre propre alliance d’entraide mutuelle avec des armées nationales capables de coopérer et de s’entraider », ajoute Fabien Roussel.
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