À Paris, ce mercredi 6 mars, plus d’une centaine de jeunes exilés mineurs non accompagnés ont été contraints de dormir dans la rue, à même le bitume. Victimes, selon les associations qui les soutiennent, d’une politique d’invisibilisation de la misère à l’orée de l’ouverture des jeux Olympiques et jeux Paralympiques, ils ont fait l’objet, durant toute la soirée et la nuit, de traques policières les empêchant de monter leurs tentes pour se protéger du froid nocturne.
« Depuis plusieurs jours, des personnes passaient sur les campements, au niveau des pont Marie et pont Sully, pour expliquer qu’il fallait partir, en raison des risques de crue, mais sans leur proposer de solution de relogement, même provisoire, rapporte Naémie, 21 ans, étudiante et membre du collectif Paris 20e solidaire. Puis, ce mercredi, la police est finalement intervenue vers 17 heures et a procédé à l’expulsion des jeunes. Ils ont perdu leurs tentes, leurs couvertures, et pour certains des vêtements et des papiers. »
Au total, plus de 400 personnes étaient visées par l’arrêté d’expulsion, pris ce 6 février par la préfecture, des campements de Paris intra-muros, installés entre pont Marie et gare d’Austerlitz. « La chasse à l’homme pré-JO a commencé », s’est insurgée l’association Utopia 56, sur les réseaux sociaux à l’annonce de cette décision. Le collectif Le Revers de la médaille a également réagi, dénonçant, pour sa part, un véritable « nettoyage social ».
Un dispositif policier « impressionnant »
Vers 19 heures, le temps de récupérer ce qu’ils pouvaient de leurs affaires, les jeunes, rejoints par d’autres récemment expulsés du centre d’hébergement de la Villette, ont ensuite convergé vers l’hôtel de ville de la capitale. « Depuis le démantèlement du campement dans les jardins de Belleville, en septembre 2023, ils se sont structurés au sein du collectif Belleville mobilisation, poursuit Naémie. Ils sont aujourd’hui plus de 500 membres. Ils organisent des réunions hebdomadaires. Ils ont déjà réalisé plusieurs actions coordonnées et, n’attendant plus rien de l’État, ils tentent au coup par coup d’obtenir des solutions d’hébergement en envoyant des délégués élus à la rencontre des différentes mairies d’arrondissement. »
En réponse, cette fois, ils ont eu à faire face à un impressionnant dispositif policier. « Certains ont eu peur et sont partis rapidement, continue la militante solidaire. Les autres, lorsque la police les a sommés de dégager vers 22 heures, ont suivi les conseils d’un commissaire leur indiquant un espace où s’installer, plus à l’est, en surplomb des quais de Seine. » Mais, une fois sur les lieux, les jeunes ont vu arriver, aux alentours d’une heure du matin, un nouveau groupe de policiers venus les empêcher de remonter leurs tentes.
Sans toit, ni toile, les adolescents, solidaires les uns des autres, ont donc commencé à sortir ce qu’il leur restait de couvertures et de vêtements chauds pour passer la nuit sur les bancs et trottoirs avoisinant. Aucune autre solution ne leur a été proposée pour la nuit de ce jeudi 7 mars, ni pour les jours suivants. La loi prévoit pourtant qu’étant, pour la plupart, en attente de décision à la suite d’un recours contre la non-reconnaissance de leur minorité, ces adolescents sans famille soient pris en charge.
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