D’ici à 2025, près de 10 millions de voitures Crit’Air 3 devaient être interdites d’accès aux métropoles. Créée pour réduire les 40 000 morts liées chaque année à la pollution atmosphérique selon les données de Santé publique France, la mise en place des zones à faibles émissions (ZFE) – facteur d’inégalités d’accès pour les ménages les plus modestes dans l’impossibilité d’investir dans un véhicule plus propre – sera finalement assouplie, a annoncé le ministère de la Transition écologique, mardi 19 mars dans la soirée.
Seules les deux plus grandes agglomérations françaises, Paris et Lyon, seront contraintes au 1er janvier 2025 d’interdire les véhicules Crit’Air 3, soit les voitures diesel de plus de 14 ans et les voitures à essence de plus de 19 ans. Une mesure qui concernera 1,5 million de véhicules, dont 1,3 dans la région parisienne. Les 41 autres métropoles pourront choisir d’autoriser la quasi-totalité des véhicules à circuler, à l’exception de ceux immatriculés avant 1997.
L’exclusion des classes populaires, nœud du problème
Marseille, Strasbourg ou encore Rouen, qui devaient poursuivre la mise en place de leurs ZFE, figurent parmi les exemptées de cette obligation, grâce à l’amélioration de la qualité de l’air sur leurs territoires en 2023. La concentration en oxyde d’azote est passée sous les 40µg/m3, soit le seuil réglementaire retenu au niveau européen. Celui-ci doit passer en 2030 à 20 µg/m3 et pour l’heure un peu moins de la moitié des 43 agglomérations concernées par les ZFE se situent sous cette barre.
Si Rouen a annoncé son intention de renoncer à l’interdiction des Crit’Air 3, la capitale alsacienne veut au contraire maintenir son calendrier. « Il ne faut pas jouer au yo-yo chaque année, il faut maintenir un cap » et « surtout pas baisser les bras, mais au contraire poursuivre ces politiques publiques », a ainsi réagi auprès de l’AFP Alain Jund, vice-président écologiste de l’Eurométropole chargé des mobilités.
La métropole d’Aix-Marseille-Provence, dirigée par la droite, avait, elle, déjà annoncé début février que l’extension de la ZFE était reportée « sine die ». « La qualité de l’air et la santé des Marseillais.es sont notre priorité. Et nous continuerons à œuvrer en ce sens. L’offre et la qualité des transports en commun doivent être largement renforcées et les solutions pour des véhicules plus propres encouragées, en limitant le reste à charge », a indiqué sur X, l’adjointe au maire PS de la cité phocéenne en charge de la mobilité, Audrey Gatian, annonçant qu’elle proposerait dès ce mercredi « une réunion aux associations d’usagers et environnementales pour échanger ».
Les difficultés engendrées pour les foyers populaires sont, en effet, un des nœuds du problème. « Ces derniers mois ont été marqués par une prise de conscience de tous que le mieux était l’ennemi du bien et que si on mettait en place des restrictions sans qu’il y ait des véhicules disponibles, l’écologie n’y gagnerait pas grand-chose et l’économie y perdrait beaucoup », a reconnu le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu. Pourtant, les moyens mis sur la table par le gouvernement ne sont pas suffisants et des leviers, comme la gratuité des transports en commun, sont laissés de côté.
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