Des hommes en tenue de combat ont ouvert le feu dans une salle de concert de la banlieue de la capitale russe, vendredi soir. L’attentat a été revendiqué par l’État Islamique. Les quatre auteurs présumés de l'attaque ont été placés, dimanche 24 mars, en détention provisoire après leur comparution devant un tribunal de la capitale.
L’attaque sanglante est survenue, vendredi 22 mars dans la soirée, au Crocus City Hall, une grande salle de concert de la banlieue nord-ouest de Moscou, après qu’au moins trois hommes – de trois à cinq en fonction des sources – en tenue de combat ont pénétré les lieux, indique l’agence de presse russe RIA Novosti. Les forces de sécurité (FSB) font désormais état d’au moins 137 morts et de plusieurs centaines de blessées. Le bilan demeure provisoire, « les opérations de recherches se poursuivent », a précisé le Comité d’enquête russe.
« Les personnes qui se trouvaient dans la salle se sont allongées sur le sol pour se protéger des tirs, pendant 15 à 20 minutes, après quoi elles ont commencé à sortir en rampant. Beaucoup ont réussi à sortir », a indiqué un journaliste de Ria Novosti. Les services de secours, cités par l’agence Interfax, ont indiqué que les assaillants avaient « ouvert le feu sur les agents de sécurité à l’entrée de la salle de concert », avant de « commencer à tirer sur le public ».
En plus de leurs armes automatiques, les assaillants auraient également fait usage d’explosifs. Peu après, un gigantesque incendie s’est déclaré. Et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent de grands panaches de fumée noire au-dessus du bâtiment. Les médias russes rapportent que cette salle de concert Crocus a une capacité de 6 200 spectateurs et que l’événement qui devait avoir lieu ce 22 mars était complet.
Enquête ouverte pour « acte terroriste »
« Une terrible tragédie s’est produite aujourd’hui dans le centre commercial de Crocus », a déclaré le maire de Moscou, Sergei Sobyanin. Toutes les manifestations et événements prévus ce week-end ont été annulés par les autorités.
« Les sauveteurs travaillent 24 heures sur 24 sur le site (…) Le travail se poursuivra pendant encore, au minimum, quelques jours », a écrit sur Télégramme le gouverneur de la région de Moscou, Andreï Vorobiov.
Selon le Comité́ d’enquête russe, certaines victimes ont été tuées par balle, d’autres par les fumées du vaste incendie qui a ravagé́ le bâtiment abritant la salle de concert du Crocus City Hall. La salle de concert « a complètement brûlé́ (…) Ce qui reste du plafond risque de s’effondrer », a indiqué́ le gouverneur.
L’attaque, la plus meurtrière en Russie depuis de longues années, a été revendiquée dans la soirée de vendredi par l’État islamique au Khorassan (EI-K), une branche de l’État islamique implantée en Afghanistan. Le groupe jihdiste a affirmé que cet attentat s’inscrivait « dans le contexte (…) de la guerre faisant rage » entre le groupe et « les pays combattant l’Islam ».
Les autorités russes n’ont, pour l’heure, pas évoqué l’État islamique ni sa revendication. Elles ont en revanche arrêté 11 personnes, dont quatre assaillants présumés qui, selon le FSB, tentaient de fuir vers l’Ukraine. Ces quatre auteurs présumés ont été placés dimanche 24 mars en détention provisoire, après leur comparution devant un tribunal de la capitale.
Poutine décrète une journée de deuil national et pointe l’Ukraine sans plus de preuves
Dans une brève allocution télévisée, prononcée la veille, le président russe, Vladimir Poutine a dénoncé un acte « terroriste barbare » et décrété une journée de deuil national dimanche. « J’exprime mes plus sincères condoléances à ceux qui ont perdu leurs proches » , a-t-il déclaré avant de pointer une éventuelle piste ukrainienne, mais sans fournir aucune preuve supplémentaire d’une implication de Kiev se contentant d’affirmer que les terroristes en fuites qui auraient tous été arrêtés, fuyaient en direction de l’Ukraine où ils auraient pu bénéficier d’une improbable « fenêtre » pour franchir la ligne de front.
« Les réactions des services spéciaux russes concernant l’Ukraine sont absolument intenables et absurdes » a réagi la présidence ukrainienne qui a également qualifié « d’acte terroriste » l’attaque du public du concert dans la banlieue de Moscou.
La population se presse pour donner son sang
Par dizaines, les Russes ont afflué dès samedi matin vers les centres de don du sang de Moscou afin d’aider les médecins à sauver le maximum de blessés. « Quand on voit cette situation, on n’a pas envie de rester à l’écart, on a envie d’aider », a confié à l’AFP Vladislav, étudiant de 18 ans, alors qu’il patientait devant un centre de don.
Devant un mémorial aux victimes improvisés, des milliers de bougies et de fleurs ont été déposés par une foule émue et encore sous le choc.
Une avalanche de réactions internationales
L’attentat a suscité une multitude de réactions internationales.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a « condamn(é) dans les termes les plus forts l’attaque terroriste » de Moscou. Et le Haut commissaire des Nations unies aux droits humains Volker Türk s’est dit « horrifié » par l’attaque, que « rien ne peut justifier ». De son côté, le porte-parole de l’Otan a « condamné sans équivoque les attentats qui ont visé des spectateurs de concert à Moscou », estimant que « rien ne peut justifier des crimes aussi odieux ».
La Maison Blanche s’est dite « en pensées aux côtés des victimes de la terrible attaque ». Par ailleurs, l’ambassade américaine en Russie avait averti il y a deux semaines ses citoyens que des « extrémistes (avaient) des plans imminents de cibler de grands rassemblements à Moscou, y compris
des concerts ». La Maison Blanche a pour sa part affirmé que les Etats-Unis avaient partagé ces renseignements avec les
autorités russes. « Si les Etats-Unis disposent ou disposaient de données fiables à ce sujet, ils doivent les transmettre
immédiatement à la partie russe », a rétorqué vendredi, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a condamné́ ce déferlement de haine et de mort « contre des spectateurs innocents lors d’un concert à̀ Moscou ». Paris, tout comme Londres et Pékin avaient dénoncé peu avant, « avec la plus grande fermeté », l’attentat terroriste. Erdogan, le président turc s’est joint à ces condamnations un peu plus tard.
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