Les communistes et leurs élus sur le territoire du Grésivaudan analysent la politique et l'actualité locale départementale, nationale, européenne et mondiale
Il aura fallu d’un symbole, un drapeau palestinien brandi dans l’hémicycle, pour que la présidente de l’Assemblée nationale se fâche très fort.
Depuis le 7 octobre – mais bien avant en réalité –, il est devenu impossible à certains de cacher leur position concernant le conflit israélo-palestinien : ils ont bel et bien choisi un camp et ce n’est pas celui de la paix. Yaël Braun-Pivet, présidente macroniste de l’Assemblée nationale, en est la caricature la plus aboutie.
Le problème avec l’extrémisme, ce sont les permissions qu’il porte en lui. Ainsi, le choix de Yaël Braun-Pivet a des conséquences. Celui d’autoriser, encore, Meyer Habib d’agresser des gens. Il y avait eu Jérôme Guedj lors d’un rassemblement pro-israélien, puis le ministre de la Justice, c’est désormais David Guiraud qui en fait les frais. L’impunité en bandoulière et l’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme en bouclier.
Imaginez un instant si la Macronie avait sanctionné des parlementaires (non-LFI) brandissant un drapeau ukrainien ou une banderole « La France tue au Yémen ». Imaginez…
Après la reconnaissance de l’État de Palestine par l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, condition indispensable à une paix durable entre Israéliens et Palestiniens, l’Humanité donne la parole à Fabien Roussel. Le secrétaire national du Parti communiste français appelle la France à reconnaître à son tour l’État de Palestine.
« Un génocide, perpétré par le gouvernement d’extrême droite de Benyamin Netanyahou, est en cours contre le peuple palestinien. Je regrette que la France ne parle pas assez fort pour dénoncer ce massacre et ses auteurs. Mais il est encore temps. Trouver les moyens d’obtenir un cessez-le-feu le plus rapidement possible et libérer les otages est urgent. Pour y parvenir, la solution est la voie politique : reconnaître la Palestine, dans les frontières de 1967, à côté d’un État israélien.
Il faut envoyer un signal politique très fort à la communauté internationale pour que des sanctions soient prises contre le gouvernement d’Israël qui attaque un État et un peuple. La France doit prendre des initiatives fortes, comme demander au Parlement européen la suspension des accords avec l’État d’Israël tant qu’il n’y a pas de cessez-le-feu, ou encore convoquer l’ambassadeur d’Israël pour dénoncer la situation actuelle.
Reconnaître la Palestine, c’est reconnaître un État, ses frontières, mais aussi les droits d’un peuple et d’un pays au regard des règles internationales. À ce titre, cela permettrait de donner plus de force aux résolutions de l’ONU, qui demande l’arrêt de la colonisation et l’arrêt de l’occupation des territoires palestiniens en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza. Dans les organisations internationales, cela permettrait de donner à l’État de Palestine des ambassadeurs reconnus comme tels, et de bénéficier de l’application stricte du droit international.
Aujourd’hui, il y a deux poids, deux mesures dans l’application de ce droit. Il faudrait le respecter concernant la violation du territoire ukrainien, mais pas pour le territoire palestinien ? La France doit renouer avec une position historique de soutien à une solution à deux États, inscrite dans les accords d’Oslo, mettant fin à l’occupation et à la colonisation, avec Jérusalem-Est comme capitale, et exiger le retour des réfugiés.
Tous les discours qui visent à réduire le peuple palestinien au Hamas, ou le peuple israélien au gouvernement de Benyamin Netanyahou, sont des discours qui ne conduiront pas à la paix entre ces deux peuples. Au contraire, ils attisent la haine. On doit s’appuyer sur tous les citoyens et les forces politiques qui se battent pour une solution à deux États, pour la paix et pour une coexistence pacifique. Réduire le drapeau palestinien au Hamas, et l’israélien au parti d’extrême droite, c’est ramener chaque camp à ce qu’il y a de pire.
Le Parti communiste français a lancé une pétition sur son site afin de reconnaître immédiatement l’État de Palestine : nous avons été la première force politique à le faire depuis 1967. Il faut organiser une campagne populaire en direction de tous les Français. »
Trois pays européens, l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, ont choisi de reconnaître officiellement l’État de Palestine. Désormais, au total, 147 pays dans le monde auront reconnu l’État de Palestine.
Le silence et l’immobilisme de la France sont incompréhensibles et honteux. Ils brouillent et décrédibilisent l’action de notre pays. Après avoir voté en faveur de l’adhésion pleine et entière de la Palestine à l’ONU au Conseil de sécurité le 18 avril dernier, puis à l’Assemblée générale de l’ONU le 10 mai dernier, la France doit appliquer à elle-même ses propres votes.
Il est totalement hypocrite de la part du gouvernement français de prétendre que les conditions ne seraient pas réunies.
La France doit reconnaître immédiatement l’État de Palestine, aux côtés de l’État d’Israël, sur la base des frontières de 1967. Cela serait un geste hautement politique, et concret, un engagement fort pour une paix juste et durable reposant sur une solution à deux États. Toutes les grandes voix pour la paix, en Palestine et en Israël, portent cette exigence.
La France dont la voix a longtemps compté au Proche-Orient ne peut pas rester à côté de l’Histoire. La résolution votée en 2014 par l'Assemblée nationale doit être appliquée.
Sa politique étrangère en serait d’autant plus grandie que cela représenterait une forte pression politique sur le gouvernement d’extrême droite de B. Netanyahou pour un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza, alors que le procureur de la CPI vient de demander un mandat d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité contre deux dirigeants israéliens et trois dirigeants du Hamas. Ce serait également un engagement de la France à agir pour la fin de la colonisation et de l'occupation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, en conformité avec les résolutions de l'ONU. Alors qu’Emmanuel Macron brandit l’autonomie stratégique dans les discours et sur le papier, cela serait une réelle autonomisation vis-à-vis de la politique des États-Unis.
Place de Verdun, devant la préfecture de l’Isère, à Grenoble.
Le syndicat CGT des travailleurs sans papiers a organisé un rassemblement devant la préfecture de l’Isère le 28 mai. Il dénonce le verrouillage de la préfecture qui refuse les régularisations et les renouvellement de titres de séjour. Un système mis en place pour remettre en cause l’accès aux droits des travailleurs.
« C’est comme si la préfecture était fermée. » Steve Fluxman, l’un des animateurs du syndicat CGT des travailleurs sans papiers s’inquiète de l’évolution de la situation. « Depuis la création de notre syndicat en 2009, explique-t-il, nous avons avons toujours eu des contacts réguliers avec les services de l’État pour faire aboutir des dossiers de régularisation qui entrent des les critères des lois en vigueur ; depuis quelques mois, il n’est plus possible d’obtenir le moindre rendez-vous ».
Un blocage qui a conduit le syndicat à l’organisation d’un rassemblement, ce lundi 28 mai devant la préfecture de l’Isère place de Verdun. Plusieurs centaines de personnes y ont participé pour manifester leur solidarité.
Steve Fluxman.
En prenant la parole devant les manifestants, Ayache Benhanis, secrétaire du du syndicat, décrivait les drames qu’entraînent les dispositions aujourd’hui en vigueur. « Un travailleur d’origine étrangère, qui vit en France depuis des années voire des décennies, peut se voir refuser le renouvellement de sa carte de séjour : une autorisation de travail, demandée par l’employeur au ministère de l’Intérieur sur une plateforme numérique est maintenant systématiquement exigée, et cela pour un salarié qu’il emploie depuis des années. Il suffit que le patron ne veuille pas faire cette demande ou n’en ait pas le temps pour que le titre de séjour ne soit pas renouvelé. » Ce qui entraîne la perte de l’emploi, la perte des droits sociaux voire l’expulsion, alors même que l’attestation de travail a été fournie lors de la demande initiale de titre de séjour.
Ayache Benhanis.
« C’est comme si l’on voulait mettre les salariés dans la clandestinité, commente Steve Fluxman, et l’on comprend bien pourquoi : un travailleur clandestin est sans défense vis-à-vis du patron qui l’emploie et certains en profitent ».
Plusieurs salariés se sont d’ailleurs succédés au micro du syndicat pour témoigner de leur situation.
« Nous ne laisserons pas nos camarades seuls face à ces injustices, souligne Ayache Benhanis, nous poursuivrons nos actions pour faire entendre la justice. »
Face à l’incapacité de la Macronie à contrer Le Pen, Ruffin veut croire que la gauche, elle, le peut.
Dans deux semaines on aura voté. Bien sur les élections européennes ne décident pas des équilibres institutionnels français. Mais par le fait politique qu’elles constituent, par la photo du rapport de force qu’elles révèlent, elle comptera pour la suite. Gabriel Attal face à Jordan Bardella n’est pas parvenu à enrayer la punition annoncée pour les macronistes.
Alors Emmanuel Macron, en sauveur, veut s’y coller. Il défi en duel Marine Le Pen. Évidemment, ce débat-là n’aura pas lieu. Le RN continue de monter à la faveur des images violentes qui nous parviennent jour après jour de Nouvelle Calédonie ou d’ailleurs. Il leur suffit d’attendre.
Les macronistes sont bien incapables de répondre à la colère et aux demandes de changement. Seule la gauche peut le faire. Les deux semaines qui nous séparent de l’élection doivent en être une occasion. Les arguments se cherchent pour contrer l’impression d’inexorable ascension de l’extrême droite. Ils ne forment pas encore une langue commune mais on voit que la gauche veut s’y mettre. Pas seulement la gauche politique mais aussi sociale (écoutez la prise de position de la présidente de la ligue des droits de l’homme dans #LaMidinale de Regards), syndicale (entendez Sophie Binet sur Mediapart).
Écoutez encore la conférence donnée par François Ruffin sur le plateau des Glières affirmer que « la colère fait des émeutes, seul l’espoir fait des révolutions ». Le fil rouge de cette intervention a été de convaincre qu’on peut battre Marine Le Pen en 2027. Ruffin a encore du mal à embarquer les foules quand il lance son slogan « Et à la fin c’est nous qu’on va gagner ». Dans l’assistance polie, rares sont ceux qui y croient. Lui en tout cas le veut. Et pour cela il livre ses propositions. Parmi les plus martelées : donner espoir, cesser d’être le parti de la litanie des catastrophes. Deuxième proposition : parler à tous, y compris aux électeurs du RN. Troisième idée développée : pas seulement vivre ensemble mais faire ensemble. Et enfin, ne pas revenir aux échecs du passé : assurer une rupture, « faire l’unité dans la clarté ».
Ruffin est un homme mobile intellectuellement. À la bonne heure. Comment ne pas s’interroger avec inquiétude ? Il ne renonce pas à son credo : rassembler autour de la question sociale. Mais il renonce à la valorisation de « la haine » au profit de la construction d’un espoir. Il tire parti de son désenclavement et affirme : « Je suis social et démocrate ».
Ruffin ne fait pas mystère de se préparer pour être le possible candidat de rassemblement de toute la gauche en 2027. Il n’est pas le seul. Mais pour être celui ou celle qui peut gagner, il faudra être la personne mieux capable d’embarquer les différentes forces politiques de gauche mais aussi et surtout les forces sociales, syndicales, les militants et les motivés. Ça, ce n’est pas encore à son agenda. Le peut-il ?
Alors que le débat parlementaire s’ouvre ce lundi à l’Assemblée, notre chroniqueur Éric Le Bourg, spécialiste en biologie du vieillissement, donne son point de vue.
L’Assemblée nationale examine à partir du 27 mai le projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie. C’est une loi délicate et douloureuse en ce sens qu’on ne peut en aucun cas se féliciter de son adoption, puisqu’elle ne fait que nous dire que notre vie et celles de nos proches peuvent s’achever dans la maladie et la souffrance. Cette loi complète la loi Léonetti de 2005 permettant d’administrer « un traitement qui peut avoir pour effet secondaire d’abréger sa vie ».
Le député communiste André Chassaigne s’est ému du risque que certaines personnes décident de recourir au suicide assisté pour épargner aux proches des dépenses perçues comme inutiles. Cette impression est probablement liée au fait que le reste à charge des frais médicaux augmente avec l’âge, ou que les EHPAD coûtent une fortune. Toutefois, en ce qui concerne les frais médicaux, les soins de la dernière année de vie ne coûtent pas 50% des dépenses de santé de la vie entière, comme le pensait le député, mais plutôt environ 12 années de soins.
L’article de CheckNews de Libération, comparant le coût de la santé à 85 ans par rapport aux âges de 6-10 ans ne répond donc pas à la question posée par André Chassaigne qui est celle du coût de la dernière année de vie. De plus, contrairement à ce que beaucoup pensent, le coût des soins médicaux de la dernière année de vie diminue fortement avec l’âge, à partir de 60 ans (deux fois plus faible à 90 ans qu’à 60), et l’effet est encore plus net chez les centenaires dont le coût de la dernière année de vie est aussi la moitié de celui à 90 ans, un phénomène similaire étant observé au Japon. Les craintes d’André Chassaigne semblent donc pouvoir être apaisées.
Pour sa part, Pierre Dharréville, autre député communiste, s’est ému que cette loi ne risque de masquer l’insuffisance des soins palliatifs en France. D’autres députés, de droite ou de gauche, s’inquiètent d’un basculement éthique, comme la pressele rapporte.
Toutes ces positions sont respectables et traduisent le malaise de chacun devant la perspective de sa fin et de celle de ses proches. On ne peut donc en aucun cas les condamner comme on condamne les politiciens et militants anti-IVG qui s’opposent, aux États-Unis par exemple, par la loi et parfois la violence aux droits des femmes en décidant ce qui est « bon » pour elles, même au prix de leur mort – comme c’est arrivé en Pologne.
Toutefois, et c’est une position personnelle liée à la même histoire douloureuse que dans toutes les familles, on ne peut simplement pas interdire à un individu de décider de la fin de sa propre vie : s’il ne peut mourir dans des conditions supportables, grâce à cette loi, il le fera peut-être dans des conditions sûrement plus atroces s’il en a la force. On ne peut non plus imposer à quiconque de continuer à vivre si la seule perspective n’est que la dégradation continue et la souffrance physique et morale qui l’accompagne. Certains veulent continuer à vivre dans ces conditions et tout doit être fait pour les aider grâce aux soins palliatifs, comme le dit Pierre Dharréville.
D’autres veulent pouvoir bénéficier d’un autre chemin et de quel droit les en empêcher ? Dans les deux cas, c’est une décision strictement personnelle que l’on doit respecter : que la société fasse tout pour assurer un vieillissement en bonne santé le plus longtemps possible n’est pas contradictoire avec le fait de permettre la fin de vie quand cela n’est plus possible.
Certains députés s’inquiètent des dérives possibles à l’avenir si cette loi était votée. Pour l’instant, ces dérives à la « Soleil vert » ne sont qu’hypothétiques, et on ne saurait interdire à chacun de pouvoir prendre ses décisions sur cette base. Qui plus est, n’oublions pas qu’en l’absence de loi un malade peut déjà recourir au suicide, mais pas forcément dans la sérénité, entouré des siens. Les députés opposés à cette loi sur la fin de vie devraient en tenir compte et ne pas, par leur vote, s’opposer à ce choix ultime de chacun : leur abstention sur ce projet de loi serait parfaitement compréhensible et honorable.
Si des députés, par contre, votaient cette loi dans l’espoir de diminuer les coûts des retraites ou ceux de la santé, ce qui semble vain dans ce dernier cas vu la baisse notable des coûts de la dernière année de vie quand l’âge augmente, leur position serait aussi ignoble que celle de ceux qui, en 2020, s’opposaient à l’extension du congé suite à la mort d’un enfant, parce que cela allait pénaliser financièrement les entreprises. Ce projet de loi demande de la hauteur et la question de la fin de vie dépasse de loin les pauvres calculs des économies qu’il pourrait apporter, même si en 2007 Jean-Marie Le Pen osait dire « Je me pose la question de l’euthanasie » à cause « des coûts médicaux vertigineux […] du fait de millions de très grands vieillards ».
La Macronie a la passion de la fusion. Et c’est avec méthode qu’elle détruit les services publics les uns après les autres.
L’audiovisuel est le prochain secteur à risquer de faire les frais, cette fois, de la politique destructive de commun d’Emmanuel Macron. C’est pourquoi la grève qui s’étale sur deux jours à Radio France et France Télévisions est légitime et très suivie.
Les salarié.es s’opposent au projet de rapprochement de France Télévisions, Radio France, France Médias Monde (RFI, France 24) et l’INA (Institut national de l’audiovisuel), sous forme d’une holding chapeautant ces entreprises à partir du 1er janvier 2025 puis d’une fusion en 2026. Il n’y aucune bonne raison de mener à bien ce regroupement. Nous avons besoin de plus et de mieux d’audiovisuel public, et non de sa casse organisée.
Le malade imaginaire
Pourquoi s’en prendre à un service public qui marche bien en termes d’audience ? En France, la radio publique est le premier acteur radio du pays, sur le hertzien et le numérique. Nous devrions en être fier et chercher à améliorer le modèle. En 2023, 60% des Français s’informent chaque semaine sur les chaînes télévisées du service public. France TV affiche la meilleure progression des plateformes de streaming gratuit quand 18,3 millions de téléspectateurs regardent au moins un documentaire chaque semaine sur France Télévisions.
La Macronie, si obsédée des performances, devrait tirer son chapeau. Elle préfère créer un « malade imaginaire », pour reprendre la formule de Sybile Veil, PDG de Radio France. Car le couple bling-bling Macron-Dati n’a qu’une idée en tête : en finir avec ce qu’il reste d’esprit public dans l’audiovisuel.
Ce qui me frappe, c’est l’indigence de l’argumentation en faveur de la fusion, la ministre de la Culture en tête. Qu’importe que cinq anciens ministres de la Culture, de Jacques Toubon à Rima Abdul-Malak, en passant par Roselyne Bachelot, aient dit que c’était une très mauvaise idée. Comme avec le « There Is No Alternative » de Thatcher, Rachida Dati martèle « qu’on ne pourra pas faire autrement » que de « rassembler les forces pour protéger l’audiovisuel public face aux plateformes » et créer une « BBC à la française ».L’actuelle ministre de la Culture, mise en examen pour corruption et toujours en poste, a donc ressorti ce projet des cartons, sans doute pour inscrire son nom sur une loi et appliquer, sans en avoir l’air, une cure budgétaire. C’est aussi par mépris de ce qui fait la spécificité du public que cette fusion pourrait être imposée aux forceps.
Fusionner pour réduire les budgets
Qui dit fusion dit mutualisation des coûts et au passage, baisse des budgets. C’est ainsi que notre pays est en marche. Toujours les mêmes coups de rabots. L’audiovisuel public a été durement atteint par la récente fin de la redevance qui lui garantissait des revenus pérennes et directement affectés. Celle-ci avait le défaut de ne pas être progressive mais participait de l’indépendance et de la stabilité du financement de l’audiovisuel public. Au lieu de la supprimer, il aurait fallu la réformer pour qu’elle soit payée en fonction des revenus. Aujourd’hui, l’audiovisuel public se retrouve davantage dépendant du pouvoir politique qui décide de la part qui lui sera dédié dans le budget de l’État. C’est une véritable fragilisation du service public audiovisuel, qui se retrouve contraint à chercher d’autres sources de financement. C’est ainsi, par exemple, qu’est apparue la publicité sur France Inter…
L’audiovisuel public subit par ailleurs ce que tous les services publics subissent. Comme vient de le montrer une note de la Fondation La Boétie, depuis le début des années 1980, la part des services publics dans le PIB a stagné tandis que les revenus du patrimoine progressaient de 5 points et que les profits non redistribués passaient, eux, de 7 à 15% du total. C’est le fruit de choix politiques qui ont favorisé les aides aux entreprises privées et aux hyper-riches au détriment des services publics, qui servent pourtant le collectif et répondent à nos besoins fondamentaux. La suite de l’histoire est connue : après 10 milliards en moins dans les budgets publics pour 2024, ce sont encore 20 milliards d’ici 2025 et 50 milliards à horizon 2027 qui sont annoncés par le gouvernement.
Et puisque Rachida Dati prend en modèle la BBC, sachez qu’en Grande-Bretagne, elle a de ce point de vue bien des soucis. Face à un gel de la redevance imposée par le gouvernement, son budget a baissé de 30% en dix ans et 1.800 postes ont été supprimés. Le PDG de la BBC réfléchit à une nouvelle forme de financement, et s’orienterait vers celle proposée par Julia Cagé, à savoir une taxe progressive en fonction des revenus. S’il faut s’inspirer, prenons le meilleur, et évitons le pire.
Le retour de l’ORTF ?
Il y a des spécificités au secteur de l’audiovisuel public qui nourrissent les craintes. La fin de l’ORTF, symbole du pouvoir gaulliste, a séparé en 1974 l’activité des radios de celle des télévisions. Cinquante ans plus tard, force est de constater que des cultures différentes s’y sont ancrées. Les fusionner à nouveau, c’est notamment prendre le risque de marginaliser celle de notre radio publique. Beaucoup plus petite numériquement, cette dernière pourrait être aspirée par les normes et pratiques de la télévision. Il faut savoir par exemple que la radio publique produit à 100% ses contenus, contrairement à France Télévisions qui externalise au privé. Sous la pression d’un pouvoir acquis au néolibéralisme, le risque est évidemment grand que l’alignement se fasse sur la télé et non sur l’exemplarité de la radio.
Ce parfum d’ORTF, nous le sentons aussi dans les rédactions qui semblent sous pression du pouvoir, de manière plus ou moins indirecte. Entre la suspension à titre conservatoire de Guillaume Meurice et les coups de boutoir annoncés contre plusieurs émissions emblématiques de France Inter – « La terre au carré », finalement sauvée, mais aussi « Des vies françaises », « C’est bientôt demain » ou « La librairie francophone » –, les journalistes de la radio publique s’inquiètent à juste titre d’un « virage éditorial plus large » et d’une reprise en main politique de leur station. La pression de l’extrême droite sur les chaines publiques est elle aussi montée d’un cran, Jordan Bardella étant notamment en croisade contre France Inter. Et si le RN arrivait au pouvoir, hypothèse contre laquelle je compte bien me battre de toutes mes forces, une direction d’un grand groupe France Médias, perméable au pouvoir et à ses caprices, permettrait à l’extrême droite d’avoir une mainmise sur l’ensemble des branches de l’audiovisuel public.
Contre la bollorisation, pour l’esprit public
À mille lieues de ce projet, notre obsession doit être de garantir la meilleure offre sur toutes les chaînes, leur conformité avec l’esprit public, avec les valeurs communes que nous voulons véhiculer. L’urgence, c’est d’en finir avec la « bollorisation » des médias, en luttant pied à pied et par la loi contre la concentration, en empêchant une chaîne comme CNews de pouvoir émettre sur un canal public. Et d’améliorer les conditions de travail des salari.es, de combattre leur précarité. Ce serait une vision progressiste de l’évolution de l’audiovisuel public. Et nous en avons bien besoin.
Ce jeudi 23 mai une nouvelle manifestation a eu lieu à Fontaine pour défendre l’école publique. Des rassemblements sont organisés devant les collèges. En cause la réforme gouvernementale qui prévoit le tri des élèves par groupes de niveaux, sous l’appellation de « choc des savoirs ».
« Si nous sommes là mobilisés et réunis aujourd’hui, c’est parce que que nous sommes inquiets pour l’école et en colère à cause de ce qui est en train de se passer. Nous pensons que le projet de société qui se dessine à travers la mise en place du « Choc des savoirs » et la destruction du service public d’éducation, organisés par le gouvernement, est dangereux », déclare Marie, enseignante dans le primaire.
Elle ajoute : « Nous voulons une école publique qui soit accessible à toutes et à tous, qui accompagne chaque enfant vers son émancipation, qui construise un rapport critique aux savoirs et apprenne à questionner, pour que chacun·e puisse décider de son avenir, une école qui soit un lieu de vie collective où on apprend l’entraide, la coopération et la solidarité. Or, l’école qui nous est promise aujourd’hui est une école privée des moyens nécessaires pour fonctionner, une école qui trie et sélectionne les élèves dès leur plus jeune âge, une école qui prône la compétition et la concurrence, une école toujours plus inégalitaire, une école qui stigmatise, qui divise et qui exclut. Je suis enseignante en maternelle, et à l’école primaire, nous ne pouvons pas nous résoudre à laisser nos élèves les plus fragiles, au bord du chemin, dès leur plus jeune âge ».
Laetitia une enseignante du secondaire explique que « le « choc des savoirs » est synonyme de mise à mort du collège unique et de l’égalité des chances. »
Des parents d’élèves s’indigent : «nous ne voulons pas que nos enfants soient étiquetés, mis dans des cases. Privilégier les uns, dans le savoir et la connaissance, mettre à l’écart les autres tels des parias, humiliés, rabaissés. Nos enfants sont notre présent, individuellement aujourd’hui. Mais ils seront le futur collectif, communautaire de tous demain. »
Plusieurs s’interrogent : « Comment développer l’empathie, le vivre ensemble, le partage de connaissance, de culture, de savoir être et de savoir faire, si dès le plus jeune âge nous les séparons, les parquons dans un schéma, un futur presque déjà choisi d’avance pour chacun d’eux, mais pas par eux. Nous parents souhaitons, au-delà de l’éducation, l’élévation de notre jeunesse, l’élévation intellectuelle, philosophique. Le savoir est la clé de l’épanouissement. Le sans critique est la clé de la liberté individuelle et de l’émancipation. L’école, au sens noble, est une chance une richesse. Nous parents voulons le mieux pour nos enfants, pour la jeunesse pour le futur ».
Les manifestants s’accordent pour dire « non à l’école du tri, non au groupes de niveau, non aux fermetures de classes ; non à l’école du choc des savoirs ».
Un rassemblement avait eu lieu le mardi 21 mai devant le collège Gérard Philipe et un nouveau rassemblement s’est déroulé le jeudi 23 mai à 18h devant les collèges Gérard Philipe et Jules Vallès.
La justice a exigé que ville de Meudon indemnise un jardinier de manière posthume, jeudi 23 mai. L’homme décédé à 56 ans avait contracté un lymphome causé par son exposition professionnelle aux pesticides pendant vingt-trois ans.
Il aura fallu attendre trois ans après la mort de Pascal G. pour que la justice exige son indemnisation. Le jardinier municipal pour la commune de Meudon (Hauts-de-Seine) a été cité dans une décision du tribunal administratif de Cergy-Pontoise, jeudi 23 mai, selon l’Agence France-Presse. La justice administrative a condamné Meudon à l’indemniser de manière posthume. L’homme est décédé des suites du covid-19 à l’âge de 56 ans, le 29 septembre 2021.
Le quinquagénaire souffrait d’immunodépression, causée elle-même par un lymphome, dû à son exposition professionnelle aux pesticides pendant 23 ans. Tandis que la commune de Meudon a été condamnée à verser 28 931 euros à la caisse primaire d’assurance maladie des Hauts-de-Seine, les ayants droit du jardinier paysagiste recevront 95 200 euros « en réparation des préjudices subis », selon l’extrait de la décision que s’est procurée l’AFP.
Une « vie gâchée »
Une de ses ayants droit, Annabelle Prin-Cojan, et sœur de Pascal G. a réagi vivement : « Je ne sais pas si on peut être vraiment satisfait par rapport à ses souffrances, à sa vie gâchée, mais j’espère que la décision fera jurisprudence. » Jardinier paysagiste pour la ville de Meudon, Pascal G. a été exposé pendant 23 ans à du « glyphosate », « des engrais, des herbicides, des fongicides, des insecticides » selon une expertise médicale de 2016. La sœur de la victime explique qu’à « aucun moment il n’a été averti des dangers de l’utilisation de ces produits ou formé à leur manipulation ».
Pascal G. est décédé le 29 septembre 2021. C’est quatorze ans plus tôt, en novembre 2007 qu’il est hospitalisé. Il apprend deux mois plus tard qu’il a contracté un cancer du système lymphatique à un stade très avancé. Après des mois d’hôpital et de traitements, son état s’améliore et il reprend le travail à mi-temps, précise l’Agence France-Presse.
Une « politique de l’autruche »
Le jardinier paysagiste tentera pendant des années de prouver le lien entre son lymphome et son travail. Sa sœur dénonce une « politique de l’autruche » de la part de la mairie, qui n’aurait eu aucune réaction pendant les deux premières années.
Et puis, miracle. En janvier 2017, un arrêté municipal reconnaît sa maladie « imputable au service ». Il faudra ensuite attendre mars 2023, deux ans après le décès du quinquagénaire, pour qu’une expertise mandatée par le tribunal confirme que « le lien est établi » entre la maladie professionnelle et le décès de Pascal G.
L’indemnisation sera exigée par le tribunal administratif un an plus tard. Parmi les substances auxquelles la victime a été confrontée : le glyphosate. Ce produit a été reconnu dès 2015, « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et pourtant, la Commission européenne a reconduit le renouvellement de l’autorisation à dix ans de plus. Les travailleurs n’ont donc pas fini de risquer leur vie.
Un simulacre de procès politique, vient d’annoncer des peines allant jusqu’à 42 ans pour Selahattin DEMIRTAS, co-président très populaire du HDP et de 30 ans pour Figen YUKSEKDAG, co-présidente également du HDP pour avoir appelé à la solidarité avec les populations kurdes de KOBANE face aux terroristes de l’Etat Islamique (DAECH).
Après plusieurs années de procès sans fondements et malgré toutes les alertes des forces démocratiques en Turquie, face notamment aux entorses aux droits de l’homme et au droit international, la justice turque vient de prononcer des condamnations pour plus d’une centaine de dirigeants kurdes sur la base d’accusations fallacieuses, sans fondements et injustifiées.
Ces jugements sont très clairement commandée par le régime islamiste corrompu de l’AKP et par le président Erdogan en personne, à l’image d’autres tyrans dans le monde.
Le Parti Communiste Français attire l’attention de notre peuple sur la gravité de ces faits et appelle à la solidarité avec le mouvement démocratique kurde et turc. Il réaffirme tout son soutien aux forces democratiques turques et kurdes, militants et militantes du DEM, ainsi que nos ami·es du CDKF. Nous réaffirmons notre solidarité pleine et entière avec Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag et appelons l’Union Européenne et la France à agir pour leur libération et la révision de ce procès sans aucun fondement.