lundi 27 mai 2024

Maladie professionnelle : le jardinier Pascal G. est indemnisé après sa mort pour un lymphome lié aux pesticides

La justice a exigé que ville de Meudon indemnise un jardinier de manière posthume, jeudi 23 mai. L’homme décédé à 56 ans avait contracté un lymphome causé par son exposition professionnelle aux pesticides pendant vingt-trois ans.

Il aura fallu attendre trois ans après la mort de Pascal G. pour que la justice exige son indemnisation. Le jardinier municipal pour la commune de Meudon (Hauts-de-Seine) a été cité dans une décision du tribunal administratif de Cergy-Pontoise, jeudi 23 mai, selon l’Agence France-Presse. La justice administrative a condamné Meudon à l’indemniser de manière posthume. L’homme est décédé des suites du covid-19 à l’âge de 56 ans, le 29 septembre 2021.

Le quinquagénaire souffrait d’immunodépression, causée elle-même par un lymphome, dû à son exposition professionnelle aux pesticides pendant 23 ans. Tandis que la commune de Meudon a été condamnée à verser 28 931 euros à la caisse primaire d’assurance maladie des Hauts-de-Seine, les ayants droit du jardinier paysagiste recevront 95 200 euros « en réparation des préjudices subis », selon l’extrait de la décision que s’est procurée l’AFP.

Une « vie gâchée »

Une de ses ayants droit, Annabelle Prin-Cojan, et sœur de Pascal G. a réagi vivement : « Je ne sais pas si on peut être vraiment satisfait par rapport à ses souffrances, à sa vie gâchée, mais j’espère que la décision fera jurisprudence. » Jardinier paysagiste pour la ville de Meudon, Pascal G. a été exposé pendant 23 ans à du « glyphosate », « des engrais, des herbicides, des fongicides, des insecticides » selon une expertise médicale de 2016. La sœur de la victime explique qu’à « aucun moment il n’a été averti des dangers de l’utilisation de ces produits ou formé à leur manipulation ».

Pascal G. est décédé le 29 septembre 2021. C’est quatorze ans plus tôt, en novembre 2007 qu’il est hospitalisé. Il apprend deux mois plus tard qu’il a contracté un cancer du système lymphatique à un stade très avancé. Après des mois d’hôpital et de traitements, son état s’améliore et il reprend le travail à mi-temps, précise l’Agence France-Presse.

Une « politique de l’autruche »

Le jardinier paysagiste tentera pendant des années de prouver le lien entre son lymphome et son travail. Sa sœur dénonce une « politique de l’autruche » de la part de la mairie, qui n’aurait eu aucune réaction pendant les deux premières années.

Et puis, miracle. En janvier 2017, un arrêté municipal reconnaît sa maladie « imputable au service ». Il faudra ensuite attendre mars 2023, deux ans après le décès du quinquagénaire, pour qu’une expertise mandatée par le tribunal confirme que « le lien est établi » entre la maladie professionnelle et le décès de Pascal G.

L’indemnisation sera exigée par le tribunal administratif un an plus tard. Parmi les substances auxquelles la victime a été confrontée : le glyphosate. Ce produit a été reconnu dès 2015, « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et pourtant, la Commission européenne a reconduit le renouvellement de l’autorisation à dix ans de plus. Les travailleurs n’ont donc pas fini de risquer leur vie.

 

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