mardi 7 mai 2024

Mortalité infantile et maternelle : encore trop de décès avant et après la naissance pointe la Cour des comptes

Dans un rapport rendu public le 6 mai, la Cour des comptes rappelle les résultats médiocres de la France en matière de politique périnatale et appelle à améliorer les conditions d’accouchement et de suivi des grossesses.

Des résultats en baisse pour des coûts en hausse, voilà le genre de constat qui fait grincer des dents la Cour des comptes. « Alors que les moyens consacrés à la politique de périnatalité augmentent (9,3 Md€ en 2021, soit + 9 % par rapport à 2016) et que la natalité recule (- 5,3 % sur la même période ), les résultats observés sur le plan sanitaire posent la question de l’efficience des moyens alloués », indique-t-elle d’emblée dans son dernier rapport publié le 6 mai 2024. La période, qui va de la fin de la grossesse aux premiers mois du bébé, représente pourtant « une période sensible pour le développement de l’enfant », rappelle l’institution. S’y jouent des éléments de son développement cognitif psychique et physique qui pourront continuer de « s’exprimer tout au long de la vie de l’individu, et avoir des conséquences considérables sur le niveau des dépenses de santé ».

Les indicateurs disponibles ne sont en effet pas glorieux. Le nombre d’enfants nés morts par rapport au total des naissances « est, depuis vingt ans, parmi les plus élevés d’Europe (3,8 % pour la période allant de 2015 à 2020) » et la France « est l’un des seuls pays dans lesquels il ne s’est pas amélioré depuis 2000 ». Avec 2,7% de décès dans les premiers mois, l’Hexagone se situe de plus « au 22e rang sur 34 pays européens ». Une simple mise au niveau de nos voisins aurait pu permettre d’éviter 2 079 de ces décès rien qu’entre 2015 et 2017, ont calculé les experts de la rue Cambon. Enfin, en matière de mortalité maternelle, la France est dans la moyenne européenne, avec 8,5 morts pour 100 000 naissances. Néanmoins, une majorité de ces décès sont considérés comme évitables et sont intervenus « après des soins non-optimaux, en raison notamment de dysfonctionnements dans le système de prise en charge et dans les parcours de soins périnatals ».

Les insuffisances du système de suivi et de soins

Des facteurs structurels expliquent ces mauvais résultats, comme l’augmentation du surpoids et de l’obésité chez les femmes, le maintien « à un niveau élevé » des consommations à risque durant la gestation ou encore la part croissante de grossesses tardives. Plus important encore, le poids des inégalités sociales et territoriales sur les morbidités durant la période, et qui frappe en priorité « les mères nées à l’étranger » et celles des territoires d’Outre mer. Mais La Cour pointe aussi du doigt les insuffisances du système de suivi et de soins.

En matière de prévention, la Cour se penche sur la baisse d’activité des PMI, qui pourtant «  joue un rôle particulièrement important pour les plus vulnérables ». Elle appelle au « renforcement de la prise en compte des situations individuelles des mères » et à un « recours plus important aux entretiens prénatal et postnatal précoces ». Mais elle épingle surtout l’état des maternités, notamment celles qui ne respectent pas la norme de 3000 accouchements par an et qui, dans un contexte de pénurie, peinent « à attirer et conserver des personnels qualifiés ».

 

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