mercredi 22 mai 2024

Kanaky-Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Macron en route pour le caillou pour une mission aux contours flous

Le président de la République, Emmanuel Macron, « partira dès ce soir » en Kanaky-Nouvelle-Calédonie « pour y installer une mission », a annoncé la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, à l’issue du Conseil des ministres, mardi 21 mai, sans détailler les contours du voyage ni les attendus précis.

Une semaine après le passage en force du gouvernement sur la réforme portant sur le dégel du corps électoral en Kanaky-Nouvelle-Calédonie qui a embrasé l’archipel, le président de la République a annoncé, mardi 21 mai, à l’occasion du Conseil des ministres, son intention de se rendre sur place.

« Il partira dès ce soir pour y installer une mission », a fait savoir la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot sans en détailler les contours ni les attendus précis, pas plus que la durée du déplacement du chef de l’État. A l’Assemblée, le premier ministre Gabriel Attal a précisé que le chef de l’Etat comptait rechercher « une solution politique globale, dans le dialogue de l’ensemble des forces locales ». Le président « échangera avec l’ensemble des forces vives calédoniennes »  ; les forces « politiques, de la jeunesse, les forces économiques et coutumières ». L’avenir du Caillou, selon Gabriel Attal, passe par « le dessin d’un chemin du pardon et d’un chemin d’avenir pour permettre à la Nouvelle-Calédonie de vivre en paix ».

La veille, le voyage présidentiel n’avait pas été évoqué à l’issue du troisième Conseil de défense depuis le début de la crise qui a déjà provoqué la mort de six personnes. Une nouvelle fois la communication s’est concentrée sur la gestion sécuritaire de l’exécutif.

« La réponse doit d’abord être politique »

L’Élysée avait ainsi annoncé le déploiement de « moyens supplémentaires » pour « protéger les bâtiments publics et ainsi remplacer pour un temps les forces de sécurité intérieure par des personnels militaires », tandis que plus tôt dans la journée, le premier ministre, Gabriel Attal se félicitait du « pont aérien » qui permet l’arrivée « en nombre » des « forces de sécurité intérieure ».

Mais, dans le même temps, les voix appelant à retrouver au plus vite le chemin du dialogue se sont faites de plus en plus nombreuses. Celles des indépendantistes qui depuis des semaines alertaient sur l’embrasement que n’a finalement pas manqué de provoquer la remise en cause du gel du corps électoral – au cœur du processus de décolonisation du territoire scellé par les accords de Matignon en 1988 puis de Nouméa en 1998.

Celles de la gauche qui, au Sénat comme à l’Assemblée, n’ont eu de cesse de s’opposer au « passage en force » du gouvernement sur cette réforme puis, face à la posture sécuritaire de l’exécutif, de plaider – comme les président.e.s de la Réunion, de la Guyane et de la Martinique dans une tribune parue dimanche – pour le retrait du texte et une « réponse politique », seule susceptible de mettre un terme aux violences.

« La réponse doit d’abord être politique. Aujourd’hui, quel message envoie le gouvernement ? Monsieur Darmanin, l’état d’urgence. Ce n’est pas comme ça qu’on va calmer la situation. Au contraire, on jette de l’huile sur le feu », a encore mis en garde dimanche le député et secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.

La maire de Nouméa appelle à ajourner le Congrès

Mais, ces voix se sont aussi élevées, plus récemment, jusque dans les rangs de la majorité face à l’ultimatum édicté par le chef de l’État qui entend réunir en juin le Congrès pour valider la réforme contestée, à défaut d’accord plus global d’ici-là. Après la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, vendredi, la maire UDI de Nouméa qui a soutenu Emmanuel Macron dès 2017 appelle le président à ajourner le rendez-vous de Versailles, à ne pas y aller « en force ».

« Le retour à l’ordre était le préalable à tout dialogue », a déclaré Prisca Thevenot pour justifier la temporalité de ses annonces, saluant une situation « en voie de se normaliser » et ajoutant que « l’exécutif poursuit (…) la construction de la solution politique pour le territoire ».

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire