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Ils sont des milliers à vendre sur les trottoirs de Paris des objets ou vêtements récupérés dans les poubelles, glanés ici ou là. Chômeurs, sans-papiers, retraités ou salariés, ces « biffins » sont de plus en plus nombreux, poussés par une précarité grandissante. Une économie parallèle jugée souvent gênante par les riverains et élus locaux, qui cherchent à faire disparaître ces nouveaux « marchés de la misère ». Reportage.
Chaussures en vrac, vêtements en pagaille, fouillis de chargeurs de téléphones portables, piles de vieux magazines... Des objets étalés sur quelques carrés de toile. Un butin glané la nuit sur un trottoir, trouvé un jour dans la rue, récupéré dans une poubelle. Les vendeurs restent ici jusqu’à ce que des policiers en VTT les forcent à s’envoler. Les baluchons de fortune se redéploient ensuite. Une scène qui se répète tous les jours, dans le tumulte du bas-Belleville, à Paris, au grand dam de certains commerçants et riverains. « Ça bloque le passage pour les habitants qui veulent rentrer chez eux. Et depuis juin, on a perdu 50% de chiffre d’affaires », se désole l’employé d’une épicerie asiatique. C’est une « décharge à ciel ouvert », renchérissent les riverains, membres de l’association de quartier « Belleville-Couronnes ». Excédés, ils souhaitent que la mairie mette fin à ce « marché de la misère ».
Quand la « biffe » revient avec la crise
« S’ils arrêtent les contrôles policiers, il n’y aura plus de déchets. Quand les gens fuient, ils préfèrent perdre les vêtements que payer une amende de 280 euros. Et c’est à la mairie de ramasser les déchets », explique Karim, qui regrette la gêne occasionnée. Karim, est un « biffin » (« étoffe » en vieux français) : il est héritier de la tradition des chiffonniers, à l’origine des marchés aux Puces aux portes de Paris. Karim a 60 ans passés, il « biffe » depuis plus de vingt ans. Arrivé en France en 1976 après avoir été magasinier en lingerie, ce tunisien diplômé de l’École professionnelle supérieure d’informatique s’est retrouvé au chômage. Pour lui, « la vente de recyclage », c’est « une nécessité économique et sociale parce que la pauvreté s’installe ».
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