Face à l'urgence d'une crise sociale et environnementale intensifiée par les politiques d'austérité menées actuellement en Europe, plusieurs chercheurs et enseignants-chercheurs, de Claude Poliak à Stathis Kouvelakis, souhaitent s'engager dans la prochaine campagne présidentielle en construisant un «Front de gauche des chercheurs et enseignants-chercheurs».
Alors que les soulèvements populaires dans le monde arabe rappellent la portée universelle des revendications démocratiques, des valeurs d'égalité et de solidarité, les États européens s'enlisent dans des logiques régressives et à courte vue: obsession à l'égard de flux migratoires «incontrôlés», renforcement de l'austérité budgétaire, démantèlement de l'Etat social et mise en concurrence de tous contre tous. C'est ainsi que la crise sociale s'intensifie chaque jour et que la situation du plus grand nombre semble inéluctablement promise –si rien ne change- à une régression sans fin. Parallèlement, l'irresponsabilité face à la crise écologique planétaire empêche l'adoption de politiques d'urgence face au réchauffement climatique, à l'épuisement des ressources naturelles et aux multiples dégâts du productivisme, récemment illustrés par le désastre de l'industrie nucléaire japonaise livrée aux intérêts marchands.
L'horizon de la construction européenne, réduite à une monnaie, un marché et des sanctions budgétaires pour les États jugés «laxistes», se résume aujourd'hui au «pacte pour l'euro», véritable pacte contre l'Europe sociale promu par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Comment s'étonner que, confrontés à ce genre de projet, les électeurs des classes populaires se détournent de la vie démocratique? En l'absence d'alternative réelle à ces politiques destructrices, le rejet de groupes stigmatisés (Roms, immigrés venus du Maghreb, «menace chinoise», etc.) et la surenchère dans les logiques sécuritaires prospèrent et font planer de lourdes menaces sur la cohésion sociale, voire sur la paix dans nos sociétés.
Il n'y a pas d'alternative politique crédible en dehors des forces qui rejettent sans ambiguïté la poursuite des politiques néolibérales et leur avatar «social-libéral» aujourd'hui à l’œuvre dans les plans d'austérité mis en place en Grèce, au Portugal, en Espagne. Ces forces de la «gauche de gauche» construisent l'unité dans la diversité des traditions, des ancrages sociaux, des cultures politiques, en liaison avec les mouvements sociaux qui tentent de résister aux politiques qui prétendent faire peser sur les fonctionnaires et les salariés les plus vulnérables le poids des ajustements financiers issus de la crise du capitalisme mondial. Elles articulent les réponses à la crise environnementale et à l'urgence sociale, sans aucune illusion sur la compatibilité entre une action écologique sérieuse et la poursuite de la mondialisation néolibérale. La convergence de ces résistances est plus nécessaire que jamais, dans les mobilisations comme dans les urnes. En France, le Front de Gauche incarne aujourd'hui cette dynamique unitaire qui entend peser sur le cours du monde. Il représente la perspective de la construction en France d'une «gauche de gauche» plus unie, plus cohésive, alliant radicalité dans les luttes sociales et capacité à transformer les institutions.
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