Après leur conférence nationale des 3, 4 et 5 juin, les communistes choisissent, à la fin de
la semaine, leur stratégie pour 2012 et leur candidat à la présidentielle. Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, précise
les enjeux de ce vote.
La conférence nationale du PCF a adopté à 63,6 % une résolution qui propose la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle dans le cadre d’un accord global du Front de gauche incluant les législatives et un programme de gouvernement. Pour vous, est-ce un résultat satisfaisant ?
Pierre Laurent. Oui, c’est une décision d’une grande valeur. La parole est maintenant aux communistes et je les appelle à s’exprimer massivement les 16, 17 et 18 juin prochains. Le vote de la conférence est le résultat d’un débat extrêmement approfondi. Il doit se poursuivre jusqu’au bout dans le respect de tous, en pesant la portée de nos choix. Les échéances législatives et présidentielle de 2012 sont cruciales. La gauche a besoin d’une voix forte dans une situation politique préoccupante. Nicolas Sarkozy tente, semaine après semaine, de créer un climat politique dans lequel les très fortes aspirations au changement seraient marginalisées. La promotion de l’extrême droite est délibérée.
À gauche, le débat n’est pas à la hauteur des attentes, ni à Europe Écologie-les Verts, qui semble pencher vers la candidature de Nicolas Hulot, ni au Parti socialiste qui, depuis l’élimination de Dominique Strauss-Kahn, reste très peu combatif sur le fond. Permettre une entrée en campagne rapide et rassemblée du Front de gauche devient décisif. Les décisions de la conférence nationale en créent les conditions.
Vous avez parlé de « geste fort » à propos du nom de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle. Que voulez-vous dire ?
Pierre Laurent. Oui, c’est un geste fort. Si les communistes valident cette proposition, cela signifie que les adhérents de la force la plus nombreuse du Front de gauche acceptent un candidat non issu de leurs rangs. Nous proposons ce geste unitaire parce que le risque est grand que les citoyens soient confinés dans la position de spectateurs du débat politique. Nous voulons au contraire qu’ils en deviennent les acteurs. Le Front de gauche doit servir à leur rendre la parole. Notre ambition est de changer la nature du débat politique en 2012, passer de la question de savoir qui sera élu président de la République à celle de savoir quelle politique, avec quelle majorité, sera mise en œuvre demain. Cela va exiger un effort considérable d’engagement. Après notre vote, nous aurons besoin d’être rassemblés autour du choix ratifié par la majorité.
Votre choix en faveur de la désignation
de Jean-Luc Mélenchon signifie-t-il qu’un communiste ne pourrait pas représenter
le Front de gauche à la présidentielle ?
Pierre Laurent. Les candidatures de Jean-Luc Mélenchon et d’André Chassaigne ont toutes les deux leurs qualités. Elles ont permis l’une comme l’autre de faire progresser la construction commune. La conférence nationale a opté pour celle de Jean-Luc Mélenchon car elle considère que la proposition d’ensemble incluant la présidentielle et les législatives permet dans ces conditions une entrée immédiate en campagne de toutes les forces du Front de gauche sur un bon programme. Il existe un débat normal chez les communistes pour évaluer si les meilleures conditions de déploiement de la démarche du Front de gauche sont réunies avec cette proposition de la conférence nationale, ou si elles le seraient davantage avec la candidature d’André Chassaigne. Le bulletin de vote permet le débat jusqu’au bout. Mais la proposition de la conférence nationale n’est pas un choix par défaut construit contre une autre proposition, c’est un choix positif qui prendra toute sa valeur avec l’engagement des communistes dans la campagne.
Avez-vous l’ambition d’élargir le Front de gauche lors de la campagne présidentielle
et législative ?
Pierre Laurent. L’élargissement du Front de gauche à des organisations nouvelles, des personnalités, est important. Mais cela va au-delà : nous visons l’appropriation populaire du débat politique des échéances de 2012. Un grand nombre de forces sont disponibles pour œuvrer à une possible victoire de la gauche, mais elles ne s’engageront qu’en acquérant la conviction que cette victoire va rendre le pouvoir au peuple. Le Front de gauche ne doit pas être une construction que l’on demande aux citoyens de soutenir mais dans laquelle on leur propose de s’investir.
Comment le PCF envisage-t-il la campagne de manière à la rendre la plus collective possible et à éviter une personnalisation à outrance autour du candidat à la présidentielle ?
Pierre Laurent. C’est l’engagement militant et citoyen massif qui peut changer le caractère de la campagne présidentielle. Le candidat, quel qu’il soit, ne peut pas modifier à lui seul cette situation. Le refus de la présidentialisation fait partie intégrante de la démarche du Front de gauche. C’est même l’une des grandes propositions du programme partagé que nous venons d’acter avec nos partenaires. Nous pouvons anticiper cette sortie du présidentialisme par une campagne citoyenne qui donne d’abord la parole aux syndicalistes, aux acteurs des mouvements sociaux, à toutes celles et ceux qui veulent que la vie change vraiment.
Lire la suite
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire