par Patrick Le Hyaric
Dans toute l’Union européenne, toutes celles et ceux qui aspirent à une Europe sociale, solidaire, démocratique, écologiste, pacifique, sont confrontés à une question fondamentale : comment rassembler suffisamment de forces de transformation sociale et politique pour échapper au rouleau compresseur de la finance servi par les traités européens et le pacte pour l’Euro plus ? Comment maîtriser un destin qui aujourd’hui échappe aux différents peuples qui composent l’Union ? Comment faire pour que ces derniers défrichent les chemins inédits d’un changement qui tire les enseignements des échecs du passé ? Une contradiction extrêmement aigüe travaille désormais leur conscience et les réalités.
D’un côté, des mouvements syndicaux et sociaux, des votes comme celui des Islandais qui, dans un référendum, ont refusé de renflouer une banque en faillite, des mouvements citoyens et culturels comme celui des indignés en Espagne et en Grèce, porteurs de fortes demandes politiques de changement. De l’autre, dimanche après dimanche, les pouvoirs politiques en place, qu’ils soient classés à droite ou sociaux démocrates, sont désavoués lors d’élections locales ou nationales en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Grèce et dimanche dernier encore au Portugal. Les électrices et les électeurs pouvaient certes choisir entre la droite et la gauche, mais le changement d’étiquette n’est pas le changement de politique. L’abstention massive est une signification du rejet de l’austérité, du chômage et du précariat. Elle ne constitue pas non plus une issue positive. Ce scénario satisfait les rapaces de la finance qui font ainsi croire qu’il n’y a qu’une politique possible. Le plus emblématique vient de se produire au Portugal où les socialistes sont battus par le parti de M. Barroso, celui-là même qui, à la tête de la Commission européenne, fait appliquer avec acharnement les politiques d’hyper austérité qui ruinent les travailleurs portugais, précarisent la jeunesse. Qui osera prétendre que le problème ne concernerait pas la France ? Des forces de droite et de gauche n’y ont-elles pas comme guide politique et économique le traité de Lisbonne, le pacte de stabilité et maintenant peu ou prou, le cadre du pacte de saignée sociale que constitue le pacte diabolique Euro plus ? On assiste d’ailleurs à de curieux mélanges. Ainsi celui qui fait dire à M. Hulot qu’il pourrait s’allier avec celui qui a failli devenir Premier ministre de l’actuel Président de la République, M. Borloo, lequel est courtisé à la fois par M. De Villepin et M. Sarkozy. Quelle mélasse ! Quelle tristesse ! Quelle vacuité de notre débat politique, engoncé dans le conformisme, les coups médiatiques, le bavassage creux, la politicaillerie, quand tant de nos concitoyens souffrent et alors que le monde est confronté à de si grands défis.
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