Stéphane Gatignon, maire de Sevran et membre d’Europe Ecologie Les Verts, vient de proposer un recours à l’armée pour régler la situation dans le quartier des Beaudotte, suite à des coups de feu et règlements de compte sordides et mortifères. Cette position s'harmoniserait sans doute mieux avec des régimes autoritaires que sous des cieux démocratiques. Quand d’un autre côté, Gatignon propose la légalisation du cannabis, on cherche en vain la cohérence des idées.
Qu’il faille d’urgence renforcer la présence humaine de l’Etat et de la police pour protéger les habitants, j’en suis convaincue. Qu’il faille lutter contre les trafiquants et donc mettre en œuvre de nouveaux moyens pour parvenir à des résultats, c’est une évidence. L’établissement de la liberté collective et individuelle implique un effort conjoint, un travail commun entre la puissance publique, les collectivités locales, les associations et les habitants.
Mais recourir à l’armée, alors que ce type d’intervention ne fait pas partie de ses compétences, reviendrait à nourrir l’idée de zones ne relevant pas du droit commun. De plus, l’idée d’une intervention militaire alimente la dérive sécuritaire, si chère au gouvernement sarkozyste qui fait de la répression et la stigmatisation l’alpha et l’omega de son rapport aux banlieues populaires.
S’il y a une guerre à mener, elle est politique. C’est celle contre le chômage, la précarité, la ségrégation, le racisme, le désengagement de l’Etat, le recul des services publics, le développement profondément inégalitaire des territoires. La colère à porter, légitime devant ces drames, doit prendre en compte les éléments structurants qui amènent à de telles situations. En l’occurrence, celle des moyens dédiés aux quartiers les plus défavorisés et aux publics les plus en difficulté.
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