Plusieurs rassemblements de gilets jaunes sont envisagés à Paris, même si ceux-ci privilégient les régions, malgré les consignes d’évacuation des ronds-points par l’exécutif.
Il y aura sans doute encore un peu de jaune à Paris, ce week-end. Sur les diverses pages Facebook des groupes qui organisent le mouvement, rendez-vous est à nouveau donné dans la capitale, samedi. Place de l’Étoile autour de l’Arc de triomphe, place de l’Opéra ou sur le parvis de la Défense, divers lieux de réunion sont cités. Tout comme Versailles, d’où Éric Drouet, l’un des gilets jaunes les plus virulents, aimerait voir partir une « marche » sur l’Élysée… Le Mouvement citoyen des gilets jaunes et le collectif les Sans-Étiquette, insistant sur le côté « pacifique » de la mobilisation, appellent, eux, à se rassembler place de la République, autour d’une urne « permettant aux citoyens, sous forme de consultation populaire, d’exprimer », dans une forme de « votation citoyenne », expliquent-ils dans leur communiqué, « les choix prioritaires à faire ».
Le tour des grandes villes en région
Mais le gros de la manifestation de samedi devrait se tenir en province. Une large part des gilets jaunes est encore choquée d’avoir été bloquée aux portes de Paris la semaine dernière, voire dès leurs gares de départ. Ils ont donc mis sur pied une stratégie visant à « laisser vide » la capitale et ciblant les grandes villes en région : Lille, Amiens, Rennes, Nantes, Rouen, Caen, Clermont-Ferrand, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Bourges, Lyon, Nancy, Strasbourg… « L’acte VI doit avoir un effet de masse », peut-on lire sur une carte largement partagée sur les réseaux sociaux. « Le but est d’avoir un impact fort » en même temps que d’échapper à la nasse policière parisienne et à la nouvelle opération de décrédibilisation médiatique qui en découlerait. Dans les Pyrénées-Orientales par exemple, les gilets jaunes de la France en colère organisent dès samedi matin un rassemblement à la frontière espagnole, au Boulou, au Perthus et sur l’autoroute A9, pour « bloquer tous les camions à l’import comme à l’export ». Ils auraient affrété des bus de Montpellier, Nîmes, Albi, Castres, Montauban, Toulouse…
Bloquage de camions à la frontière
Le mouvement paraissait se tasser cette semaine… mais ne s’arrête pas. Alors que de nombreuses voix appellent à rester sur les ronds-points, y compris à Noël – on y organise même des réveillons solidaires –, le gouvernement, qui misait sur un essoufflement, a décidé d’attaquer. Mercredi et hier, les forces de police ont fait démanteler 170 « campements » à coups de bulldozers parfois, même si la plupart du temps ces évacuations ont eu lieu dans le calme. Les gilets jaunes avaient reçu pour consigne de « ne pas résister », précise une porte-parole. Ce qui leur permettait, une fois la police partie, de se réinstaller à quelques mètres, comme cela s’est vu dans le Var, en Saône-et-Loire… « On n’a pas le choix, ça ne sert à rien pour le moment d’opposer une résistance, alors on est en train de tout plier et tout démonter », déplorait Denis Rudloff, un gilet jaune du Morbihan interrogé par l’AFP, qui s’attendait à ce que le mouvement reprenne de l’ampleur « après les fêtes ». Dans ce département breton, le préfet avait demandé mardi aux manifestants de « cesser leurs actions et (d’)évacuer », interdisant par arrêté « les rassemblements de personnes, les installations d’abris et le dépôt de matériaux » sur neuf ronds-points du département.
Une « guerre » de position résumée par Chantal Moraud, coordinatrice des gilets jaunes dans les Bouches-du-Rhône : « On lâche rien, mais on se réinstalle, et on se concentre en partie sur la marche pour le référendum d’initiative citoyenne », une quarantaine de « marcheurs », qui, partis de ce département, veulent rallier l’Assemblée nationale à pied. Dans l’Hémicycle, justement, on n’attend pas qu’ils y arrivent pour hausser le ton. Mercredi soir, le député communiste de Seine-Maritime Sébastien Jumel a interpellé le gouvernement, faisant part de son « envie de vomir » à propos de ces « consignes données de démanteler les ronds-points » : « Si vous croyez vous en sortir à bon compte en espérant goûter la dinde de Noël dans le luxe, le calme et la volupté, vous vous trompez. La colère du peuple et les humiliations successives, vous allez vous les prendre comme un boomerang. »
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