mardi 4 décembre 2018

PRÉCARITÉ. SE LOGER, UNE CHARGE QUI PÈSE SUR LES JEUNES

Selon une étude publiée mardi, les 18-30 ans qui vivent encore chez leurs parents y restent de manière contrainte.
Le cliché de l’éternel ado se complaisant chez papa-maman en prend un sérieux coup. Selon une étude (1) sur le logement et les jeunes présentée mardi, le « Tanguy » (personnage du film éponyme d’Étienne Chatiliez) est, en réalité, un spécimen rare. Seules 28 % des personnes âgées de 18 à 30 ans n’ont jamais quitté le domicile familial. Et si ces derniers sont bloqués à la maison, ce n’est pas par gaieté de cœur ou confort personnel. Parmi ceux qui ne sont jamais partis, les deux tiers y ont songé mais ont dû y renoncer faute d’emploi (32 %) ou de ressources financières suffisantes (40 %). Au final, seulement 7 % de ces jeunes adultes ayant toujours vécu dans le foyer parental déclarent que rien ne les empêche de quitter ce cocon. « Ces résultats viennent très largement contrebalancer l’image de jeunes souhaitant bénéficier le plus longtemps possible du confort du domicile familial », souligne l’enquête.
Celle-ci témoigne, au contraire, de la précarité sociale qui touche les jeunes adultes. Ainsi, parmi ceux qui sont partis, 13 % ont dû revenir chez leurs parents. Les raisons ? Toutes sont liées au porte-monnaie et à la précarité. Ce retour se fait le plus souvent à la fin d’une année scolaire ou d’études, faute de débouchés (32 %). Ou encore après une séparation amoureuse (24 %). Logique : le coût du logement « est mécaniquement plus facile à supporter lorsque l’on peut cumuler deux revenus », note l’étude. Parmi les autres causes évoquées, viennent les difficultés financières (22 %) et la perte de son emploi (14 %).

Les difficultés d’accès au travail

Pour les jeunes vivant hors du domicile parental, la vie est loin d’être rose. Le coût du logement, notamment, demeure une vraie difficulté. Plus de 70 % des jeunes locataires du parc privé en parlent comme d’une « charge lourde » ou « très lourde » dans leur budget. Une opinion qui ne cesse de progresser chez les 18-35 ans depuis ces trente dernières années. Le désir d’autonomie « est tel que les jeunes acceptent des compromis en termes de qualité de logement » pour avoir leur propre toit : 12,6 % des logements habités par des jeunes présentent trois défauts ou plus (par exemple une installation électrique en mauvais état, des infiltrations d’eau ou une mauvaise isolation thermique) contre 6,6 % pour les 65 ans ou plus.
Les difficultés d’accès au travail, et notamment à un emploi stable, contrarient également l’envol des jeunes. « Dans un contexte d’incertitude et de tension sur le marché du travail, l’autonomie résidentielle se fait plutôt une fois la situation professionnelle sécurisée », relève l’étude. Qui résume : « La mobilité future est bridée par le triptyque emploi-salaire-coût du logement. »
Souvent isolés, bon nombre ignorent également les aides au logement auxquelles ils pourraient prétendre. Visale, Loca-Pass, Mobili-Jeune… Seuls 35 % de l’ensemble des jeunes en ont entendu parler et 22 % n’en ont pas bénéficié alors qu’ils auraient dû. Ce taux de non-recours est en augmentation progressive sur les deux dernières années (+ 5 points par rapport à 2016).
Dans ce contexte, l’aide financière des parents reste importante. Un tiers des jeunes qui vivent dans leur logement continuent d’être épaulés par la famille. Un budget « conséquent » qui atteint en moyenne 3 960 euros par an. Autonomie n’est pas forcément synonyme d’indépendance.
(1) Baromètre 2018 de la Direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative (Djepva).

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