Par Michel Husson, économiste
Les politiques démentielles menées aujourd’hui en Europe mènent droit dans le mur (1). Les gouvernements expliquent (comme pour les retraites) qu’il n’y a pas d’alternative. Rien n’est plus faux. Il y a au contraire un « trop-plein » de propositions (2). Imposer le capital, par exemple, serait une mesure économiquement viable : on pourrait dégonfler les dividendes stériles sans Par peser sur l’investissement ni même grever la sacro-sainte compétitivité. L’obstacle est d’abord politique : la mince couche qui profite de la manne financière n’a évidemment aucune envie de voir ses privilèges mis en cause. Puis vient l’argument consistant à évoquer la fuite des capitaux (voire des cerveaux) vers des cieux plus cléments. Cette objection n’a certes rien à voir avec une loi économique, mais il serait naïf d’oublier qu’une expérience de transformation sociale se heurterait à des mesures de rétorsion, voire de véritable sabotage.
On pourrait pourtant neutraliser les sorties de capitaux, au moins au niveau européen, en établissant une taxation uniforme du capital à cette échelle. On se heurte alors à une autre forme de scepticisme : si on attend l’émergence d’une « bonne » Europe pour mener de « bonnes » politiques, on risque d’attendre longtemps. Tout projet de refondation de la construction européenne peut alors apparaître comme une rêverie utopique hors d’atteinte, ce qui peut conduire à la résignation et à l’abandon de tout projet alternatif.
La tentation est alors grande de chercher des raccourcis : sortons de l’Europe, sortons de l’euro. Mais le risque est grand qu’une aspiration légitime (se donner les moyens d’une alternative) soit instrumentalisée ou dévoyée de manière très peu progressiste. L’essentiel est ici de ne pas confondre les objectifs de la transformation sociale et les moyens de la préserver ou de la protéger. Et il faut dire ce qu’on protège : l’autonomie du capitalisme national ou la transformation sociale ?
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