Le quartier général d'Inité, le parti au pouvoir en Haïti, a été incendié mercredi matin à Port-au-Prince, au lendemain de l'annonce des résultats préliminaires de la présidentielle, et les pompiers étaient sur place, a constaté un journaliste de l'AFP.
Des milliers de manifestants, jeunes pour la plupart, ont convergé vers le centre-ville de Port-au-Prince. Après avoir été empêchés d'approcher du palais présidentiel par des unités anti-émeutes de la police, ils se déplaçaient dans toute la ville, a constaté ce journaliste. Certains brandissaient des portraits de M. Martelly, frappant dans leurs mains et en chantant pour manifester leur mécontentement, d'autres, armés de bâtons, frappaient des objets au passage, comme des poubelles ou jetaient des pierres.
Le Conseil électoral haïtien a annoncé mardi soir que le deuxième tour de l'élection présidentielle en Haïti opposerait l'ex-Première dame Mirlande Manigat, qui a obtenu 31% des voix, et le candidat du pouvoir Jude Célestin, qui a réuni 22% des suffrages. Le chanteur populaire Michel Martelly arrive juste derrière Jude Célestin en troisième position, avec plus de 21% des voix et seulement quelque 6.000 voix de moins que son rival. Il est le grand perdant du premier tour qui s'était tenu le 28 novembre. La troisième position de M. Martelly et la faible marge qui le sépare du candidat du pouvoir Jude Célestin passe mal chez ses partisans alors que le chanteur avait régulièrement accusé le parti au pouvoir de fraude électorale. "Le peuple était sorti pour voter Martelly parce que Manigat et Célestin ne vont rien régler du tout. Martelly était en avance et on lui a volé les élections. Nous allons détruire le pays jusqu'à ce qu'on nous donne Martelly comme président", a déclaré un jeune cagoulé mardi soir.
Un groupe d'observateurs financé par l'Union européenne avait du reste annoncé lundi que des estimations fondées sur données recueillies dans 1.500 bureaux de vote plaçaient Mme Manigat en tête (avec 30% des suffrages) devant M. Martelly (25%) et M. Célestin (20%). A cet égard, les Etats-Unis se sont dits "préoccupés" mardi soir par les résultats "incohérents" de l'élection, au regard de ces données diffusées la veille, et ont appelé la population au calme et offert d'examiner toute fraude éventuelle, selon un communiqué de l'ambassade américaine à Port-au-Prince. De son côté, l'Organisation des Etats américains (OEA) qui mène une mission d'observation du processus électoral en Haïti, a rappelé mardi soir qu'il existait tout une série de "recours possibles" après la publication des résultats du premier tour. L'annonce des résultats préliminaires ouvre une période de recours éventuels avant la publication des résultats définitifs du premier tour prévue le 20 décembre.
Ce premier tour, marqué par des incidents et des irrégularités qui avaient obligé les autorités à annuler les élections dans 3,5% des bureaux de vote, a donné lieu à une faible participation qui s'élève à 22,87%, loin des 40% espérés par le chef de l'ONU en Haïti le jour du vote. Le deuxième tour se tiendra le 16 janvier. Le successeur du président René Préval prendra ses fonctions le 7 février. Il prendra la tête d'une administration amputée dans un pays dévasté par le séisme dévastateur du 12 janvier et où une épidémie de choléra a fait 2.120 morts depuis la mi-octobre. Les premiers résultats des élections législatives organisées en même temps que la présidentielle sont bons pour le parti Inite de Jude Célestin dont une dizaine de députés et un sénateur ont été élus dès le premier tour.
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