Au soir de chaque manifestation contre la réforme des retraites, les éditorialistes annoncent l’« essoufflement » de la mobilisation. Comme lors des grèves de 1995 et de 2003. Mais, cette fois, la question de la dégradation de l’information s’invite sur le terrain politique.
Par Pierre Rimbert
Longtemps elle a croupi sous le tapis. Pour les personnalités politiques, c’était sa place naturelle. Celle où elle gênait le moins. Elle : la question du contrôle des médias d’information générale, de leur rôle dans la production de l’idéologie dominante, du statut de leurs mandarins. N’en rien dire pour ne pas mécontenter les gardes-barrières de la notoriété, ne rien faire qui puisse compromettre l’accès aux grands moyens de communication. L’épineux dossier n’existait ainsi qu’en dehors du périmètre de l’action et de la mobilisation politiques.Quelque chose a changé. En témoignent les réactions provoquées par la mise en ligne, les 27 septembre et 8 octobre 2010, de deux extraits du film de Pierre Carles Fin de concession. Dans le premier, le député socialiste Arnaud Montebourg explique devant une caméra qu’il croyait éteinte : « Fin de concession… c’est pas mal, votre truc. C’est le moment de taper sur TF1, c’est pour ça que je vais vous donner un coup de main. Il faut leur mettre la tête sous l’eau », avant de qualifier la chaîne détenue par le groupe Bouygues de « télévision des idées qui détruisent la France, télévision de l’individualisme, télévision du fric, du matraquage sur la sécurité ». Sommé par la direction de TF1 de s’excuser, M. Montebourg hésite, invoque un trait d’humour, puis se ravise et poursuit l’offensive. Face à des éditorialistes ruisselants de confraternité, il maintient ses propos (Europe 1, 3 octobre).
Le deuxième extrait met en scène le fondateur du Parti de gauche, M. Jean-Luc Mélenchon. Invité à visionner un entretien réalisé en 2009, il sursaute à l’énoncé des questions que le présentateur du journal télévisé de France 2, David Pujadas, adresse à M. Xavier Mathieu, un syndicaliste qui lutte dans une usine menacée de fermeture (« Mais est-ce que ça ne va pas trop loin ? Est-ce que vous regrettez ces violences ? »). Le député européen s’exclame : « Salaud ! », puis qualifie Pujadas de « larbin ». Sa sortie déclenche aussitôt une pluie de commentaires outragés. Mais, comme M. Montebourg avant lui, l’intéressé choisit l’attaque.
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