Par Patrick Le Hyaric
Pour celles et ceux qui auraient pu en
douter encore, il suffisait d’entendre Mme Parisot, les ténors de l’UMP
et de lire Le Figaro pour comprendre que le vote de la loi d’amnistie sociale est un événement politique de grande portée.
Réclamé depuis le mois de juin par Bernard Thibault, le Président de la
République avait refusé de s’y engager. Pourtant avant N. Sarkozy cette
pratique était naturelle de la part de tous les Présidents de la
République qu’il s’agisse de M. Mitterrand ou de M. Chirac.
Même si certains amendements ont voulu en
limiter la portée, le vote du texte présenté par le groupe communiste
et Front de gauche au Sénat, contredit ce qu’avait dit le président du
groupe socialiste au Sénat lors de ses vœux, affirmant « qu’il fallait
prendre acte de ce qu’il n’y a plus de majorité de gauche au Sénat ».
La démonstration vient d’être faite que
la gauche peut exister en faveur des travailleurs et de lois
progressistes. Et la ministre garde des sceaux, Mme Taubira y aura joué
un rôle positif. Pour la justice comme pour les idéaux de la gauche, il
serait maintenant de bonne politique que l’Assemblée nationale préserve
cette loi et le vote en y incluant l’amnistie des militants associatifs
qui ont aidé les sans-papiers, celles et ceux des réseaux « éducation
sans frontières », ceux qui ont défendu des écoles, des hôpitaux,
l’environnement, les droits des migrants, des professions libérales ou
des exploitants agricoles. De telles demandes sont-elles exagérées ? Pas
du tout ! Une nouvelle majorité a été portée au Sénat puis à
l’Assemblée nationale et un Président de la République, issu de la
gauche socialiste, a été élu, précisément en rejet de choix politiques
passés, contre lesquels se mobilisaient les militants aujourd’hui
inquiétés, avec toute la gauche à l’époque. Ne pas amnistier ces
citoyens pour leur activité militante aujourd’hui reviendrait, pour des
parlementaires de gauche, à renier leurs combats d’hier et les
manifestations auxquelles ils ont eux-mêmes participés.
C’est l’esprit même de la République
depuis ses débuts, contrairement à ce qu’a déclaré un député radical de
gauche, se réclamant de Clémenceau et de dame Parisot, n’hésitant pas à
hurler à la radio que l’amnistie relevait de la période de la monarchie.
A notre connaissance, il n’y avait pas de parlement au temps de la
monarchie. C’est précisément Clémenceau, qui pourtant n’a jamais été
tendre avec les ouvriers, qui en mai 1876 défendit quatre propositions
de loi pour l’amnistie des Communards. Lire la suite
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