On devrait lire plus souvent Yves de Kerdrel. D’abord, il a la double casquette de chroniqueur du Figaro et de directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles,
ce qui prouve que le cumul n’est pas l’apanage des parlementaires.
Ensuite, il est membre de la commission éthique du Medef. Quand il prend
la plume, c’est aussi une éminence patronale qui s’exprime. Par
conséquent, son avis doit être apprécié avec la considération qui sied à
son auguste fonction, assurée sous le magistère morale de Laurence
Parisot, cette dame qui est capable dans un même mouvement de faire la
leçon de démocratie à feu Chavez et d’organiser un putsch à la
sud-américaine pour sauver sa tête à la direction du patronat.
Dans une récente chronique du Figaro,
Yves de Kerdrel a signé un article d’une rare violence contre la
gauche. Il y est question, excusez du peu, de « honte », de
« conflagration générale », de « scénario à l’italienne » , et même
d’une « sorte de guerre civile ». Après une telle lecture, on imagine
déjà les beaux quartiers accumuler les réserves de victuailles en
prévision d’un siège d’une durée indéterminée.
De quoi s’agit-il donc ? Serait-on à la veille d’une insurrection
animée par la branche malienne d’Al Quaïda ? Y aurait-il un risque de
prise du Palais de l’Elysée par une antenne de terroristes partisans de
l’indépendance du Pays Basque ? La Chine aurait-elle l’intention
d’envahir la France pour y supplanter l’influence du Qatar ?
Rien de tel. Yves de Kerdrel sort de ses gonds dorés car il considère
que « Hollande insulte les employeurs » avec la loi d’amnistie sociale
adoptée par le Sénat. Il y voit un blanchiment des « casseurs », ainsi
qu’une réhabilitation de syndicalistes contre lesquels il dresse le
réquisitoire suivant : « cassage organisé, séquestrations de dirigeants,
actes de sabotage ». En d’autres temps, cela aurait valu qu’on demandât
la perpétuité contre des apprentis démolisseurs pris la main dans le
sac de boulons.
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