S’attaquer à la racine de la crise- Edito du n°66
La contraction du commerce et la destruction de l’industrie,
conjuguée aux effets socialement désastreux de la politique d’austérité
du gouvernement, entraîne une augmentation massive du nombre de
chômeurs. L’emploi, les salaires, les conditions de travail, les
allocations et retraites : tout ce qui concourt, en somme, à créer les
conditions d’une vie digne et supportable, est constamment miné et
détruit. L’explication de cette régression est souvent présentée comme
le résultat d’une « crise » dont on n’explique pas les causes, comme si
elle existait indépendamment des intérêts de classe, comme si personne
n’en était responsable. Pourtant cette « crise » n’affecte pas tout le
monde. Alors que l’avenir s’assombrit pour la majorité, les riches et
les puissants qui se trouvent au sommet de la pyramide sociale
continuent de s’enrichir. Ils ne s’occupent que de leurs intérêts
égoïstes.
Prenez n’importe quel aspect de cette « crise », que ce soit le
chômage, la dégradation des salaires et des conditions de travail, les
suppressions d’emploi et délocalisations, les loyers exorbitants, le
démantèlement des services publics, l’endettement de l’Etat – sans
parler de la corruption ou des scandales comme celui de la viande de
cheval et autres trafics alimentaires –, et vous trouverez que
l’explication réside, en fin de compte, dans la volonté d’entretenir et
grossir les fortunes, les privilèges et le pouvoir de la classe
capitaliste. C’est l’avarice sans bornes de la classe capitaliste et le
chaos inhérent à leur système qui sont la cause de la crise. C’est une
classe qui vit au détriment du reste de la société, une classe de
parasites. Une fois qu’on a compris cela, l’objectif de « sortir de la
crise » ne peut se concevoir qu’en s’attaquant à sa racine. Pour que la
société se relève, pour que les travailleurs et la jeunesse aient un
avenir digne, il faudrait en finir avec cette classe en lui privant de
la source de son pouvoir : sa propriété.
Tout le monde voit que les gouvernements se succèdent, mais la
politique mise en œuvre, elle, ne change que sur quelques détails.
L’explication est simple : le problème qui se trouve au cœur de la
« question sociale » n’est pas tant le personnel des ministères, mais le
pouvoir économique, le contrôle des banques et des entreprises. Changer
de gouvernement sans s’attaquer aux intérêts capitalistes n’offre
aucune solution. Tout gouvernement, qu’il se qualifie de droite ou de
gauche, qu’il se somme « socialiste » ou même « communiste », qui ne
veut pas s’attaquer au capitalisme – c’est-à-dire aux capitalistes –
sera nécessairement réduit à en être l’instrument, le serviteur.
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