vendredi 29 mars 2013

Agir pour mettre le cap à gauche

Par Patrick Le Hyaric
Du déplacement du Président de la République la semaine dernière à Dijon, il ne reste qu’une petite musique « a-démocratique ». Annoncé comme le moyen de renouer le dialogue avec les citoyens, il s’est terminé avec l’annonce de l’utilisation par le gouvernement des ordonnances pour légiférer et gouverner.
Elle fait écho à la décision du Premier ministre d’adopter le prétendu accord, sur un texte écrit par le Medef, en procédure dite accélérée, c’est-à-dire avec une seule lecture par les deux chambres du Parlement. C’est inquiétant et dangereux. La combinaison de l’application automatique du dernier traité européen, des règlements européens austéritaires comme ce qui est appelé le « two-pack », voté, dans le plus grand silence, par une majorité du Parlement européen la semaine dernière, la volonté de mettre en œuvre des accords entre syndicats minoritaires et le Medef, et maintenant les ordonnances déshabilleront notre République de ses attributs « démocratique et sociale ». L’empressement du gouvernement à faire voter cet « accord national interprofessionnel » tient à plusieurs facteurs, dont celui du refus d’un débat populaire approfondit sur les conséquences de ce texte n’est pas le moins important. Il y a sans doute plus sournois et plus inquiétant encore. La représentativité des syndicats signataires, telle qu’elle est issue de la loi de 2008, n’est pas démontrée. Ce vice de forme très grave conduirait, au sens vrai du terme, à obliger le Parlement à voter un texte issu directement des directives du Medef. Voilà qui affaiblit considérablement l’argument gouvernemental selon lequel cet « accord » démontre « le succès d’une méthode, celle du dialogue ».
Pas étonnant que la prêtresse du grand patronat, Mme Parisot, demande que la représentation nationale vote son texte sans amendement. Pas étonnant non plus qu’une cohorte d’anciens premiers ministres de droite comme JP Raffarin, F Fillon, appellent à voter le texte en l’état. Contre les travailleurs, F Fillon et JF Copé se retrouvent toujours plus facilement que pour la présidence de leur parti. Nous disons fraternellement aux parlementaires de gauche : laissez la droite voter seule le texte de Mme Parisot. Utilisez votre droit constitutionnel à amendements ! Prenez le temps de tirer les enseignements de tous les dispositifs dont ont bénéficié les grandes sociétés multinationales ces dernières années !

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