mercredi 13 mars 2013

« Vue d’aujourd’hui, la Révolution française est une immense leçon d’optimisme »

Par Ivan du Roy
Que peut nous enseigner aujourd’hui la Révolution française ? Une crise économique, des privilèges établis, une dette terrible, une aspiration du peuple à l’égalité et au bonheur... La situation de 1789 ferait-elle écho à la nôtre ? Entretien avec Eric Hazan, éditeur et écrivain, qui invite à garder vivante la mémoire de ces moments d’incandescence révolutionnaire, à en préserver l’inspiration, face à ceux qui ne voudraient y voir qu’un « trouble malencontreux venu bouleverser de façon sanglante le mouvement général vers le libéralisme ».
Basta ! : Castes privilégiées, classes laborieuses paupérisées, crise économique, caisses du royaume quasi vides, dépenses inconsidérées de la Cour… Autant d’éléments qui font étrangement écho à la situation économique actuelle. La crise a-t-elle été le principal déclencheur de la Révolution ?
Eric Hazan [1] : Si l’on se met dans la peau d’un sujet de Louis XVI, un minimum conscient de la situation en mars 1789, avant la tenue des états généraux : il sait qu’il y a une dette terrible, que le Trésor est en faillite. Les intérêts de la dette mangent la moitié des recettes du royaume ! Il sait aussi que sous Louis XV, la France a déjà fait faillite, et ne remboursait plus la dette tout en augmentant les impôts. Un scénario « à la grecque », dirait-on aujourd’hui. La situation économique n’a cependant pas été le principal déclencheur de la Révolution. Dette ou pas, le trône de Clovis, de Saint-Louis ou de Louis XIV paraissait installé pour l’éternité. Comme l’économie de marché aujourd’hui : c’est comme ça et puis c’est tout. Le Roi de droit divin, on n’y touche pas ! Trois ans plus tard, la royauté était par terre. C’est le principal enseignement de la Révolution : avoir eu lieu. Cela nous montre que les évènements qui semblent les plus improbables, voire impossibles, peuvent survenir. En cela, c’est un événement très encourageant pour aujourd’hui.
Distinguez-vous des similitudes entre ceux qui appartenaient aux ordres privilégiés – noblesses, hobereaux de province, ecclésiastiques – et ce qu’on appelle aujourd’hui l’oligarchie ou « les 1% » dénoncés par le mouvement Occupy Wall Street ?
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