De prime abord, on pourrait penser que la réforme des retraites annoncée pour le printemps prochain n'est qu'un nouvel épisode de la politique d'austérité que le gouvernement socialiste met en œuvre à marche forcée. En tout cas, cela y ressemble furieusement. Evoquant l'indispensable redressement des comptes sociaux, Jérôme Cahuzac le premier, Marisol Touraine ensuite, ont promis ces derniers jours au pays de la sueur et des larmes.
C'est l'ancien ministre du Budget qui a sonné la charge dans un entretien aux Echos, le 15 janvier. Applaudissant sans retenue une proposition du patronat qui préconisait une violente désindexation des retraites complémentaires pouvant entraîner une perte de pouvoir d'achat de 1 % à 1,5 % l'an, il s'était empressé de dire qu'une telle voie, si elle était ratifiée par les partenaires sociaux, pourrait être «un élément d'appréciation très important» pour le gouvernement, avant qu'il ne mette en chantier la réforme du régime général.
Car, c'est bien connu, les retraités vivent dans l'opulence. Les chiffres du dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR) en font foi : à fin 2010, le montant moyen de la pension dite de droit propre (hors réversion et hors majoration pour trois enfants et plus) s'élève à 1 216 € par mois (1 552 € pour les hommes et 899 € pour les femmes). Exorbitant, n'est-ce pas ?
C'est ensuite la ministre de la Santé et des Affaires sociales qui est montée au front, le 10 mars, pour prévenir que, forcément, «des efforts» seront demandés à «tous les Français», de sorte que le déficit de tous les régimes de retraite n'atteigne pas 20 milliards d'euros d'ici à 2020, comme le redoute le COR. «Rien ne doit être a priori exclu», a prévenu la ministre. Ni l'allongement de la durée d'activité, ni une nouvelle réforme des régimes spéciaux de retraite.
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