Alors que le congrès du Parti de gauche ouvre ses portes, son
coprésident, Jean-Luc Mélenchon, affirme que l’heure n’est plus à
« demander (au pouvoir) “une inflexion” ».
Votre congrès s’ouvre
à l’issue d’une période qui a mis la
majorité gouvernementale à l’épreuve. Ces difficultés pouvaient-elles
être évitées ?
Jean-Luc Mélenchon. Hollande va dans le mur parce
que sa ligne politique l’y condamne. Il connaît pourtant l’échec du PS
au Portugal, en Espagne ou en Grèce. Le désastre est assuré
économiquement – avec la politique de l’offre où le coût du travail, et
non celui du capital, est montré comme l’adversaire – et avec la méthode
politique qui croit pouvoir contourner le rapport de forces : cela
revient à un désarmement unilatéral. C’est pourquoi le Front de gauche,
durant toute la campagne, a porté la confrontation de deux lignes
possibles pour la gauche. Au bout d’un an de pouvoir, on ne peut pas
demander une inflexion. Quels aménagements Jean-Marc Ayrault pourrait-il
faire avec les 20 milliards offerts aux entreprises, sans contrepartie
du plan de compétitivité, et l’ANI
? C’est une réorientation générale qui est à l’ordre du jour avec un
changement de gouvernement ! Le Front de gauche est prêt à y pourvoir.
Quelles mesures sont à prendre
de façon urgente ?
Jean-Luc Mélenchon. Au centre de tout : partager les
richesses en faveur du travail, opérer la transition écologique du
système de production. Pour cela, il faut frapper le cœur des problèmes,
l’Europe. Marquer une rupture sur trois points. D’abord, la relation
franco-allemande : totalement déséquilibrée, elle fonctionne à
l’avantage exclusif du capitalisme allemand. Ensuite, l’euro. Nous avons
toujours défendu l’idée que la monnaie unique
pouvait être un point d’appui pour une politique progressiste, mais
nous arrivons au point où ce discours devient inopérant du fait de
l’obstination des dirigeants européens. Enfin, l’arc méditerranéen. Le
moment n’est-il pas venu de nous apercevoir que nous avons un autre
centre
de gravité que l’Allemagne, du côté de la Méditerranée ?
Après quatre années d’existence, quel rôle doit jouer votre parti ?
Jean-Luc Mélenchon. Nous devons être un parti
avant-coureur dans les formes de combat. Être une sorte de grand think
thank qui met du matériel idéologique à disposition, comme avec la
planification écologique, la révolution citoyenne, la règle verte et
maintenant, l’écosocialisme.
Par ailleurs, les partis du Front de gauche n’ayant su quel rôle me
confier après l’élection, je suis à la fois le coprésident du PG –
quasiment condamné à le rester – et le patrimoine commun du Front de
gauche. Le parti doit gérer cette difficulté. Mais, en peu de temps, il a
atteint les objectifs qu’il s’était fixés en se créant : constituer une
force crédible en dehors du PS, rendre possible le Front de gauche,
crédibiliser une alternative de gouvernement.
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