Par Pierre Laurent
Culture et collectivités locales, voilà un des couples les
plus prometteurs, mais aussi les plus menacés, de la République. Notre
vigilance doit être sans faille, alors que l’on pourrait juger, face au chômage
de masse, que la culture ne doit pas être une priorité.
La crise actuelle est avant tout une crise de sens, une
crise de civilisation, une crise de la cité et du bien commun, qui fait le lit
des obscurantismes, réprime les imaginaires au lieu de leur laisser libre
cours. Alors que la crise bouche l’avenir et rétrécit l’horizon du plus grand
nombre, on répète comme une prétendue évidence que la culture devrait « prendre
sa part des sacrifices ». Paul Krugman compare ce discours à celui des «
prêtres d’un culte antique, exigeant que nous nous livrions à des sacrifices
humains pour apaiser la colère de dieux invisibles ». Invisibles, les dieux
Marché et Rentabilité sont aussi aveugles : ils ne voient pas que c’est au
coeur de la crise que les créations et les pensées nouvelles révèlent ce qui
peut faire émerger un nouveau modèle de société.
Hélas, la culture n’est pas devenue la priorité tant
attendue. Le budget du ministère, loin d’être préservé, est programmé en baisse
d’année en année. Et voici que l’action contre le prétendu mille-feuille
territorial menace les budgets locaux.
Je saisis cette occasion pour dire notre soutien et notre
solidarité aux intermittents, à leurs justes propositions qui se heurtent à
l’obstination acharnée du Medef et, ce qui est nouveau et particulièrement
déplorable, à la propension du Gouvernement à céder aux exigences de celui-ci.
Il faut refuser l’agrément à la convention de l’Unedic renégociée. Le Gouvernement
doit rouvrir la discussion. Nous restons aux côtés des artistes, des
techniciens, des acteurs du monde culturel.
Les progrès de la décentralisation sont tels que la
politique culturelle publique ne peut se concevoir sans les collectivités
locales. Celles-ci ont favorisé l’aménagement du territoire et la coopération
culturelle. Certes, beaucoup d’inégalités subsistent, la démocratisation de la
culture est inachevée. Mais il serait fou de remettre en cause les progrès
réalisés. Création et action culturelle ne survivent que grâce à un équilibre
précaire, assuré par une multitude de financements publics.
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