mercredi 18 juin 2014

« Construire le chemin de l’émancipation par l’art et la culture »

Par Pierre Laurent
Culture et collectivités locales, voilà un des couples les plus prometteurs, mais aussi les plus menacés, de la République. Notre vigilance doit être sans faille, alors que l’on pourrait juger, face au chômage de masse, que la culture ne doit pas être une priorité.
La crise actuelle est avant tout une crise de sens, une crise de civilisation, une crise de la cité et du bien commun, qui fait le lit des obscurantismes, réprime les imaginaires au lieu de leur laisser libre cours. Alors que la crise bouche l’avenir et rétrécit l’horizon du plus grand nombre, on répète comme une prétendue évidence que la culture devrait « prendre sa part des sacrifices ». Paul Krugman compare ce discours à celui des « prêtres d’un culte antique, exigeant que nous nous livrions à des sacrifices humains pour apaiser la colère de dieux invisibles ». Invisibles, les dieux Marché et Rentabilité sont aussi aveugles : ils ne voient pas que c’est au coeur de la crise que les créations et les pensées nouvelles révèlent ce qui peut faire émerger un nouveau modèle de société.
Hélas, la culture n’est pas devenue la priorité tant attendue. Le budget du ministère, loin d’être préservé, est programmé en baisse d’année en année. Et voici que l’action contre le prétendu mille-feuille territorial menace les budgets locaux.
Je saisis cette occasion pour dire notre soutien et notre solidarité aux intermittents, à leurs justes propositions qui se heurtent à l’obstination acharnée du Medef et, ce qui est nouveau et particulièrement déplorable, à la propension du Gouvernement à céder aux exigences de celui-ci. Il faut refuser l’agrément à la convention de l’Unedic renégociée. Le Gouvernement doit rouvrir la discussion. Nous restons aux côtés des artistes, des techniciens, des acteurs du monde culturel.
Les progrès de la décentralisation sont tels que la politique culturelle publique ne peut se concevoir sans les collectivités locales. Celles-ci ont favorisé l’aménagement du territoire et la coopération culturelle. Certes, beaucoup d’inégalités subsistent, la démocratisation de la culture est inachevée. Mais il serait fou de remettre en cause les progrès réalisés. Création et action culturelle ne survivent que grâce à un équilibre précaire, assuré par une multitude de financements publics.

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