Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF, souligne «
l’occasion unique » qui se présente de construire un « front large »
avec
l’ensemble de ceux qui à gauche contestent la politique du gouvernement.
Les mobilisations sociales – cheminots, intermittents… –
sont sur le devant de la scène. Est-ce un tournant dans un climat dominé
jusqu’alors par le désarroi chez les électeurs de gauche ?
Pierre Laurent : Ces mouvements montrent que persiste dans
le pays une demande très forte de réformes de progrès social. Je mets en garde
le gouvernement : il passe son temps à diviser, à opposer les Français alors
qu’en vérité, c’est lui qui est isolé. Sa politique d’austérité, de mise en
concurrence et de libéralisation n’est pas acceptée, singulièrement par les
forces sociales et populaires qui ont voulu le changement en 2012. Manuel Valls
dit que la gauche peut mourir, mais ce qui la met en danger, c’est un
gouvernement qui prétend parler en son nom tout en menant une politique qui lui
tourne le dos. La mobilisation, qui s’exprime à nouveau avec force, est
porteuse de propositions. Les intermittents luttent pour la pérennisation de
leur régime d’indemnisation et pour la défense des budgets culturels. Les
cheminots se battent pour une réforme de la SNCF qui reconstruise l’unicité du
service public et favorise les investissements publics. Alors que la politique
du gouvernement nous enferme dans une logique de dépression économique, sociale
et démocratique, ces mouvements sont d’intérêt national, et montrent que les
forces existent pour la relance d’un projet alternatif à gauche.
Le plan d’économies de 50 milliards du gouvernement va être
débattu avec les lois de finances rectificatives au Parlement, la semaine
prochaine. Au moment où des oppositions se manifestent chez les socialistes,
est-ce réellement là une occasion de se faire entendre ?
Pierre Laurent : La politique gouvernementale est désavouée
dans le pays. Et il existe au sein même du Parti socialiste et chez les
écologistes une prise de conscience que le discours de François Hollande du
14 janvier sur le pacte de responsabilité a été une rupture grave. Désormais,
des députés issus de toutes les familles de la gauche refusent d’engager le
pays dans cette voie. Car, non seulement elle ne permettra pas de combattre le
chômage, mais elle va l’aggraver. Dans cette situation peut s’ouvrir un
dialogue nouveau entre tous ceux qui refusent la logique du plan Valls pour
reconstruire les grands axes d’un nouveau projet de gauche pour la France. Des
forces nouvelles sont disponibles. Toutes ne sont pas d’accord sur les
solutions à mettre en œuvre. Mais, ce qui est nouveau à cette heure, c’est que
toutes peuvent entrer en discussion et construire des convergences pour
chercher ensemble une issue.
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