Le Président de la République n'aura donc rien changé à ses
objectifs initiaux, comme d'habitude. Et la méthode qu'il dévoile ce matin pour
la réforme territoriale se situe dans le registre du cirque ! C'est l'un des
symptômes de la crise démocratique profonde que nous traversons et dont les
deux dernières élections ont à nouveau montré la gravité. Aucune leçon n'est
tirée.
A l'endroit où il faudrait rechercher un nouvel élan
démocratique, sa réforme territoriale n'affiche pas d'autre ambition que
l'austérité accrue pour les budgets publics et l'accroissement de la
compétition entre territoires, conformément aux injonctions européennes. Cela
se fait au prix d'une aggravation de l'autoritarisme inhérent à la Vème
République et de la mise en place de pouvoirs de plus en plus technocratiques
abrités de la souveraineté populaire.
Si la démarche présentée est si acrobatique, c'est pour
éviter une validation démocratique aux résultats incertains. Ainsi, on
redécouperait les régions au gré des vents avant même que de définir les
missions des collectivités. Tout serait imposé sans s'appuyer sur le bilan de
l'action menée dans les diverses collectivités et sur la créativité qui a fait
la force de la décentralisation.
Nous n'acceptons pas le double-langage qui consiste à
décréter que les communes sont "une petite République dans la grande"
tout en augurant leur démantèlement. Le fait de plonger les départements en
respiration artificielle relève de la même démarche de duplicité. Au final le
projet est complètement contraire au renouveau de la République, à l'égalité
entre territoires, à l'égalité en droits de toutes et tous. Enfin, présenter en
soi la suppression d'élus du peuple comme un progrès démocratique et une
illusoire source d'économies substantielles ravira la droite et l'extrême
droite quoiqu'elles en disent : c'est leur inépuisable fonds de commerce.
La République a besoin d'un sérieux coup de jeune - de
passer la 6eme - or il s'agit là d'un acte de destruction qui conduit à une
nouvelle concentration des pouvoirs. Une fois de plus, il s'agit de répondre au
mieux aux exigences grandissantes des forces patronales et de la finance dont
l'emprise s'accroît au fur et à mesure. Les hommes et les femmes de notre pays
et de notre continent ont chaque jour qui passe le sentiment accru que le
pouvoir est ailleurs, qu'il s'exerce sans eux, qu'ils évoluent dans une
démocratie d'apparence. Aucune modification des règles de la démocratie ne peut
se faire sans démocratie.
Nous exigeons des référendums pour chaque modification et,
c'est essentiel, un grand débat, animé par une Constituante, pour refaire de la
République notre bien commun et redonner à l'action publique toute l'efficacité
que peut revêtir le pouvoir quand il est réellement exercé par le peuple.
Pierre Dharréville, responsable de la commission République,
démocratie et institutions au PCF
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