Par Raoul Marc Jennar
Il y a 221 ans, le 6 Messidor, an I de la République,
c’est-à-dire le 24 juin 1793, la Convention adopte et promulgue la Constitution
de l’An I, la première Constitution républicaine française. Le texte est
précédé d’une Déclaration des Droits qui
complète et précise celle de 1789.
Aux droits individuels affirmés en 1789, la Déclaration de
1793 ajoute des droits économiques et sociaux : droit au travail, droit à
l’instruction, droit à l’aide sociale.
Relevons, en outre, quelques articles qui ont gardé une
remarquable actualité :
Article 18 : « Tout homme peut engager ses services, son
temps ; mais il ne peut se vendre ni être vendu ; sa personne n’est pas une
propriété aliénable. La loi ne reconnaît point de domesticité ; il ne peut
exister qu’un engagement de soins et de reconnaissance, entre l’homme qui travaille
et celui qui l’emploie. »
Article 21 : « Les secours publics sont une dette sacrée. La
société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du
travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de
travailler. »
Article 25 : « La souveraineté réside dans le peuple ; elle
est une et indivisible, imprescriptible et inaliénable. »
Article 28 : « Un peuple a toujours le droit de revoir, de
réformer et de changer la Constitution. Une génération ne peut assujettir à ses
lois les générations futures. »
Article 35 : « Quand le gouvernement viole les droits du
peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le
plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »
Certes, l’application de cette Constitution fut suspendue
jusqu’à la fin de la guerre imposée par les monarchies d’Europe coalisées
contre la toute jeune République. Et Thermidor mit fin aux espérances qu’elle
contenait.
Gracchus Babeuf et la Conjuration des Egaux en 1795-1796,
les révolutionnaires de 1848, ceux de la Commune de 1871, comme toutes celles
et ceux qui, de tous temps et en tous lieux, se sont battus pour les idéaux de
justice et d’égalité se sont reconnus et se reconnaissent encore dans ce qui
demeure la Constitution la plus démocratique jamais adoptée en France.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire