Par Frédéric Durand
et Sébastien
Crépel
Les convergences se cherchent à gauche entre les mécontents
de la politique d’austérité gouvernementale. Samedi, une nouvelle initiative
a
rassemblé des «
Socialistes affligés »,
le Front de gauche et les écologistes,
dessinant les contours d’une possible alliance «
rouge-rose-verte ».
Privé de tout appui populaire – un récent sondage OpinionWay
pour le Figaro indiquait que seuls 3 % des Français désiraient voir François
Hollande se représenter en 2017 – le président de la République a également
rompu les liens avec ses partenaires traditionnels à gauche. Les Verts se sont
retirés du gouvernement et le Front de gauche n’y a jamais participé. Les
profonds désaccords politiques ont creusé un sillon qui traverse désormais le
Parti socialiste lui-même. L’isolement au sommet de l’État et le refus de
discuter avec sa propre majorité – la rencontre du président avec les
parlementaires a été ajournée – fragilisent chaque jour un peu plus l’hôte de
l’Élysée et, mécaniquement, ouvre de nouveaux espaces de débat pour trouver une
issue et une alternative aux orientations jugées « suicidaires » du
gouvernement.
À l’instar du colloque organisé, samedi, à Paris, par le
club des Socialistes affligés. Symbole d’une élite de gauche en rupture avec
les desseins de l’exécutif, le think-tank créé par l’ancien député européen
Liêm Hoang-Ngoc et le chercheur Philippe Marlière tente de jeter une passerelle
entre le PS et le reste de la gauche. « Parce que la gauche est en danger »,
souligne Philippe Marlière et parce que s’installe « une lecture nationaliste
et ethnique des dominations sociales ». Car le constat est là que l’effondrement
du Parti socialiste aux dernières élections n’a pas profité aux autres
formations de gauche mais suscité une abstention massive et une forte poussée
de l’extrême droite. Et, adossé à cette réalité, l’échec cuisant du
gouvernement sur les questions structurantes comme l’emploi, le pouvoir
d’achat, la fiscalité, l’éducation… Autrement résumé, la gauche au pouvoir « mène
une politique de droite ».
Au-delà du verdict, désormais partagé, proposer une
alternative clairement identifiée à gauche suppose de convenir d’un contenu et
d’une stratégie pour changer la donne. Car la situation est dorénavant évoquée
en termes crus chez les socialistes, bien au-delà du cercle des Socialistes
affligés. « Énervés », voire « ulcérés » semblerait d’ailleurs convenir
davantage à leur état d’esprit, face à ce qu’ils considèrent comme un véritable
hold-up sur le sens du vote des Français de 2012 et, au-delà, sur celui de leur
engagement au PS et au sein de la gauche.
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