Incarnation du capitalisme mondialisé et de la casse sociale, E. macron n'a pourtant pas hésité lors de ses voeux à dénoncer un «capitalisme ultralibéral et financier qui va vers sa fin» en même temps qu'il annonçait ne pas bouger d'un iota sur les réformes qu'il souhaitait mener à bout en 2019 : celle de l'assurance-chômage « pour inciter davantage à reprendre le travail », celle de la fonction publique « pour la rendre plus efficace », et enfin celle du système de retraite.
Le temps de la (fausse ? ) contrition est terminé. Emmanuel Macron est apparu debout, conquérant, déroulant un discours mêlant défense de sa politique, s'autocongatulant quant aux réformes de la SNCF et du code du travail et annonçant la poursuite de la réduction des dépenses publiques, fermeté face à la "violence"...
"Nous avons vécu de grands déchirements et une colère a éclaté, qui venait de loin", a reconnu Emmanuel Macron, sans jamais citer le nom des "gilets jaunes". Et le chef de l'Etat de citer les différentes formes de cette colère : "Colère contre les injustices, contre le cours d'une mondialisation parfois incompréhensible, colère contre un système administratif devenu trop complexe et manquant de bienveillance, colère aussi contre des changements profonds qui interrogent notre société sur son identité et son sens".
Mais au lieu d'un infléchissement de sa politique pour répondre à cette colère, le président français a poursuivi en annonçant sa fermeté concernant les débordements et les heurts qui ont eu cours ces dernières semaines. Prétextantque "nous vivons libres dans notre pays" et que "cette liberté" requiert un "ordre républicain" qui "sera assuré sans complaisance", il a ciblé ceux qui "prennent pour prétexte de parler au nom du peuple" mais qui ne sont "que les porte-voix d'une foule haineuse" et qui "s'en prennent aux élus, aux forces de l'ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels". Par sûr que ceux qui manifestent depuis des semaines pour pouvoir boucler leur fin de mois apprécient.
Le président de la République n'entend pas changer de ligne. Face aux "bouleversements" qui traversent le monde, la France a "une place, un rôle à jouer, une vision à proposer"a-t-il affirmé, promettant de "remettre l'homme au cœur du projet contemporain : c'est la ligne que je trace depuis le premier jour de mon mandat et que j'entends poursuivre". On se pince !
Sur le plan international, à cinq mois des élections européennes, le chef de l'Etat a une nouvelle fois livré un plaidoyer en faveur d'une refonte de l'Europe à l'heure où "montent les partis extrémistes" et les "égoïsmes nationaux". Quelques heure splus tôt, dans un tweet de l'association SOS Méditerranée écrivait " Alors que les 310 personnes à bord de l' #OpenArms a enfin atteint Espagne , les 33 survivants à bord de l' #SeaWatch3 ont été laissés en mer pendant 7 jours maintenant, en hiver, sans une solution de débarquement. Les États de l'UE doivent respecter les conventions maritimes et convenir d'urgence d'un lieu de sécurité"
A la fin de son discours, Emmanuel Macron a assuré qu'il était "au travail, fier de notre pays, fier de tous les Français, déterminé à mener tous les combats présents et à venir". "Je crois en nous", a-t-il conclu. Au regard de sa cote de popularité, ce n'ets plus le cas des Français !
D'ailleurs hormi pour ses fidèles supporters, la classe politique française dénonce un discours de Tartuffe :
"On ne sait pas pourquoi mais tout ce qu'il dit tombe à plat. Et quand on comprend, on préférerait ne pas avoir entendu. Quel lunaire donneur de leçons", n'a pas hésité à lancer Jean-Luc Mélenchon, sur Twitter. Avant d'ajouter : "Le président des riches a fait son rideau de fumée. Le partage des richesses, t'as compris Monsieur Macron ?
Chez Les Républicains, on regrette qu'Emmanuel Macron ait décidé de réciter "un texte sans émotion, sans conviction et si loin de la réalité des Français. Un clip de campagne plus que la parole d'un homme d'État", écrit la porte-parole du parti Laurence Sailliet.
Les critiques fusent également à gauche, au PCF notamment, où le secrétaire national Fabien Roussel estime que, dans son allocution, Emmanuel Macron est apparu comme "un président moralisateur qui va poursuivre ses réformes sans tenir compte des colères, des attentes de ceux qui aspirent tout simplement à vivre mieux".
Boris Vallaud, porte-parole du Parti Socialiste ironise : "Débattons tous ensemble de la ligne que j'ai décidé tout seul de ne pas changer".
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