La question européenne divise. S’il y a une grande aspiration à davantage d’échanges de toutes sortes en Europe, en particulier chez les jeunes, si l’échelle européenne peut être une échelle plus pertinente pour lutter contre les multinationales ou contre l’exil fiscal, pour mener le combat pour l’environnement, la construction qu’est l’Union européenne (UE), telle qu’elle est aujourd’hui, n’y répond pas. Dominée par les affairistes et les politiciens, elle est devenue odieuse : autoritarisme, concurrence généralisée, prétexte à toutes les austérités, bourreau des services publics, chasse aux migrants, recul du droit des femmes, etc. Les sondages montrent une perte de confiance dans l’UE, face à l’aveuglement de ses dirigeants, comme en témoignent le Brexit et les replis nationalistes ; à nous d’incarner une alternative progressiste avec nos camarades européens.
« Construire une Europe “à géométrie choisie” : pour les libertés, la vie au travail, la transition écologique, l’indépendance et la paix.»
Refuser le piège
« C’est l’approfondissement de l’UE actuelle ou l’extrême droite », nous dit Macron. Le défi doit être relevé. Refuser ce piège, c’est traiter le problème sur le fond, dans la durée, dans toute la diversité des situations. Pour cela, il faut unir, d’abord les exploités au-delà des frontières, aussi ceux qui s’en sortent plus ou moins mais voient leur avenir menacé, leurs activités désintéressées transformées en commerce, leur liberté précarisée. Face à eux, des banques, des fonds de pension, des évadés fiscaux, des aventuriers sans scrupules, des technocrates.
Relever le défi posé implique de ne pas cacher les difficultés, ni les contradictions apparentes ou réelles. C’est ainsi que nous avons tenté d’appréhender les évolutions qui se sont fait jour en Europe, depuis quelques siècles, en particulier depuis une soixantaine d’années. Il convient, pour cela, de ne négliger aucun angle d’attaque : économique, social, politique, géographique, écologique, féministe. Il convient aussi de ne pas se limiter à voir le problème uniquement en tant que « Français ». Les luttes d’un pays peuvent avoir un écho européen, ce fut le cas de Mai 68, de la chute du mur de Berlin en 1989, du 15 de mayo en 2011 des indignés espagnols. « Regardez ce qui se passe en France. C’est une première victoire du mouvement social d’avoir fait reculer un gouvernement aussi antisocial que le gouvernement d’Édouard-Philippe », s’exclame le député du PTB Raoul Hedebouw devant le parlement belge à propos des mobilisations des « gilets jaunes ». Regardons ce qui se passe en Espagne, avec la mobilisation pour les droits des femmes ; regardons ce qui s’est passé en Islande avec la tentative d’écriture d’une Constituante et la mobilisation populaire contre la corruption ; regardons ce qui se passe en Allemagne avec la hausse des salaires dans la métallurgie et dans la fonction publique ; regardons ces îles de la mer Egée qui accueillent les réfugiés. Sans chercher à éclaircir un tableau trop sombre, nous pouvons trouver partout en Europe, comme partout dans le monde, des mobilisations, voire des victoires qui font écho à nos revendications et à nos batailles. Pourtant, les luttes émancipatrices ne seront pas uniformes et synchronisées du Portugal à la Russie et de l’Irlande à la Turquie. Ne faudrait-il pas passer à une étape supérieure dans l’analyse de ces diversités, dans la coordination des mouvements et la convergence des luttes ?
« C’est l’approfondissement de l’UE actuelle ou l’extrême droite », nous dit Macron. Le défi doit être relevé. Refuser ce piège, c’est traiter le problème sur le fond, dans la durée, dans toute la diversité des situations. Pour cela, il faut unir, d’abord les exploités au-delà des frontières, aussi ceux qui s’en sortent plus ou moins mais voient leur avenir menacé, leurs activités désintéressées transformées en commerce, leur liberté précarisée. Face à eux, des banques, des fonds de pension, des évadés fiscaux, des aventuriers sans scrupules, des technocrates.
Relever le défi posé implique de ne pas cacher les difficultés, ni les contradictions apparentes ou réelles. C’est ainsi que nous avons tenté d’appréhender les évolutions qui se sont fait jour en Europe, depuis quelques siècles, en particulier depuis une soixantaine d’années. Il convient, pour cela, de ne négliger aucun angle d’attaque : économique, social, politique, géographique, écologique, féministe. Il convient aussi de ne pas se limiter à voir le problème uniquement en tant que « Français ». Les luttes d’un pays peuvent avoir un écho européen, ce fut le cas de Mai 68, de la chute du mur de Berlin en 1989, du 15 de mayo en 2011 des indignés espagnols. « Regardez ce qui se passe en France. C’est une première victoire du mouvement social d’avoir fait reculer un gouvernement aussi antisocial que le gouvernement d’Édouard-Philippe », s’exclame le député du PTB Raoul Hedebouw devant le parlement belge à propos des mobilisations des « gilets jaunes ». Regardons ce qui se passe en Espagne, avec la mobilisation pour les droits des femmes ; regardons ce qui s’est passé en Islande avec la tentative d’écriture d’une Constituante et la mobilisation populaire contre la corruption ; regardons ce qui se passe en Allemagne avec la hausse des salaires dans la métallurgie et dans la fonction publique ; regardons ces îles de la mer Egée qui accueillent les réfugiés. Sans chercher à éclaircir un tableau trop sombre, nous pouvons trouver partout en Europe, comme partout dans le monde, des mobilisations, voire des victoires qui font écho à nos revendications et à nos batailles. Pourtant, les luttes émancipatrices ne seront pas uniformes et synchronisées du Portugal à la Russie et de l’Irlande à la Turquie. Ne faudrait-il pas passer à une étape supérieure dans l’analyse de ces diversités, dans la coordination des mouvements et la convergence des luttes ?
Des actions transnationales victorieuses
On ne doit ni se contenter de tout petits pas, pour sauver ce qui peut l’être et atténuer les mauvais coups, ni se projeter dans une vision purement abstraite de révolution généralisée. Alors que faire ? Les rapports de forces ne semblent guère favorables. Les grands patrons et les financiers sont beaucoup mieux coordonnés que les peuples, au niveau de l’Europe. Toutefois, des points ont été marqués, comme nous le montrent les députés communistes ou apparentés qui font entrer la lutte des classes jusque dans le parlement européen. Des actions transnationales, comme celles des routiers ou des transfrontaliers, avec les syndicats, ont pu se développer et donner des résultats, d’autres se structurent, avec la Fédération transnationale des coursiers, qui réunit les travailleurs des plates-formes de livraison à domicile.
On ne doit ni se contenter de tout petits pas, pour sauver ce qui peut l’être et atténuer les mauvais coups, ni se projeter dans une vision purement abstraite de révolution généralisée. Alors que faire ? Les rapports de forces ne semblent guère favorables. Les grands patrons et les financiers sont beaucoup mieux coordonnés que les peuples, au niveau de l’Europe. Toutefois, des points ont été marqués, comme nous le montrent les députés communistes ou apparentés qui font entrer la lutte des classes jusque dans le parlement européen. Des actions transnationales, comme celles des routiers ou des transfrontaliers, avec les syndicats, ont pu se développer et donner des résultats, d’autres se structurent, avec la Fédération transnationale des coursiers, qui réunit les travailleurs des plates-formes de livraison à domicile.
« Les luttes d’un pays peuvent avoir un écho européen, ce fut le cas de Mai 68, de la chute du mur de Berlin en 1989, du 15 de mayo en 2011 des indignés espagnols.»
Les questions concrètes telles que la protection de l’environnement, la politique agricole commune, l’accueil des migrants, les travailleurs frontaliers, les droits des femmes, traitées aujourd’hui sous le seul prisme de l’ultralibéralisme économique et du repli nationaliste devraient faire l’objet d’élaborations collectives impliquant les citoyens à tous les niveaux de décision. Ces sujets pourraient déjà, dans le cadre des clauses de coopération entre États volontaires, être pris en charge par les États européens qui répondent aux intérêts des peuples et non des capitalistes.
Le 38e congrès du PCF, qui vient de se terminer, l’affirme clairement : le statu quo n’est pas possible. Il se veut constructif et présente plusieurs orientations dans le cadre d’une Europe « à géométrie choisie » : pour les libertés, la vie au travail, la transition écologique, l’indépendance et la paix… Ce sont des propositions « radicales et réalistes », elles seront déclinées dans les différentes contributions de ce dossier, mais – il ne faut pas le cacher – le chantier est en cours et de nombreuses questions restent ouvertes. Les élections qui auront lieu en mai doivent être l’occasion de mener, en France et en Europe, la lutte des classes, de promouvoir les idées de solidarité et d’égalité, de porter, enfin, dans l’hémicycle européen, une députée ouvrière.
Le 38e congrès du PCF, qui vient de se terminer, l’affirme clairement : le statu quo n’est pas possible. Il se veut constructif et présente plusieurs orientations dans le cadre d’une Europe « à géométrie choisie » : pour les libertés, la vie au travail, la transition écologique, l’indépendance et la paix… Ce sont des propositions « radicales et réalistes », elles seront déclinées dans les différentes contributions de ce dossier, mais – il ne faut pas le cacher – le chantier est en cours et de nombreuses questions restent ouvertes. Les élections qui auront lieu en mai doivent être l’occasion de mener, en France et en Europe, la lutte des classes, de promouvoir les idées de solidarité et d’égalité, de porter, enfin, dans l’hémicycle européen, une députée ouvrière.
Aurélien Bonnarel, Pierre Crépel et Marine Miquel sont membres du comité de rédaction de Cause commune. Ils ont coordonné ce dossier.
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