lundi 16 juillet 2012

Pierre Laurent: «Maintenant ce qui va compter ce sont les actes...»

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, tire de premiers enseignements un mois après l’arrivée de la gauche 
au pouvoir et appelle à la mobilisation sociale et citoyenne pour surmonter tous les obstacles au changement.
Quel regard portez-vous sur le premier mois d’exercice du pouvoir de la gauche ?
Pierre Laurent. Nous n’avons plus affaire à la droite agressive et méprisante qui a dirigé le pays pendant cinq ans. Des millions de salariés le ressentent. Le climat de la conférence sociale en témoigne. Mais devant les urgences, ce qui compte maintenant ce sont les actes. On voit avec PSA que l’heure de vérité est déjà là. Or les premières mesures du gouvernement sont marquées par les contradictions du projet présidentiel, entre une volonté déclarée de justice sociale et de croissance nouvelle et un discours sur la rigueur qui endosse les habits de l’austérité budgétaire européenne.

Trois grands défis ont été fixés par Hollande : le redressement des comptes publics, la compétitivité, le chômage et la précarité. Cette hiérarchie est-elle adaptée à la situation ?
Pierre Laurent. Non. Il y a erreur de diagnostic sur la dette et les déficits. La dépense publique continue d’être désignée comme la cause des déséquilibres et les coupes budgétaires comme la seule voie à suivre. Cette orientation ne résout rien. Elle a déjà nourri l’augmentation du chômage et de la précarité. Il faut changer l’ordre des priorités. La création d’emplois bien rémunérés et utiles répondant aux besoins du pays doit être au cœur de l’action publique. La réponse aux urgences sociales doit devenir le moteur d’un nouveau type de développement social et écologique. Le financement de l’économie, du développement industriel et des services publics doit être au service de cet objectif. La capacité du gouvernement à prendre en compte les propositions venant de toute la gauche, de toutes les forces sociales et syndicales sera décisive. Car le projet présidentiel ne se donne pas pour le moment les moyens de la réussite.

Le Medef est à l’offensive concernant la flexibilisation du travail et des licenciements, comment la gauche doit-elle réagir ?
Pierre Laurent. Sous Nicolas Sarkozy, le pouvoir était au service du Medef. Ce dernier se remobilise pour imposer ses critères de compétitivité et d’austérité comme la seule politique possible. Il entend obtenir du gouvernement et des forces sociales un consensus autour de ses dogmes. Le rôle de la gauche est de riposter et d’aider à basculer le rapport de forces en faveur des salariés car ce sont eux qui ont voulu le changement. Si le pouvoir reste dans les mains des actionnaires, les dés du dialogue social sont pipés. Il faut donc donner de nouveaux droits aux salariés et aux syndicats. Le gouvernement doit se placer du côté des salariés. Regardez chez PSA. Quand il reste muet, les actionnaires frappent d’autant plus fort. Le gouvernement doit refuser un plan qui saigne l’industrie et convoquer immédiatement une table ronde pour élaborer des stratégies industrielles alternatives. Nous le disons clairement : pour sortir de la crise, sortons de l’austérité.
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