Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, tire de premiers
enseignements un mois après l’arrivée de la gauche
au pouvoir et
appelle à la mobilisation sociale et citoyenne pour surmonter tous les
obstacles au changement.
Quel regard portez-vous sur le premier mois d’exercice du pouvoir de la gauche ?
Pierre Laurent. Nous n’avons plus affaire à la
droite agressive et méprisante qui a dirigé le pays pendant cinq ans.
Des millions de salariés le ressentent. Le climat de la conférence
sociale en témoigne. Mais devant les urgences, ce qui compte maintenant
ce sont les actes. On voit avec PSA que l’heure de vérité est déjà là.
Or les premières mesures du gouvernement sont marquées par les
contradictions du projet présidentiel, entre une volonté déclarée de
justice sociale et de croissance nouvelle et un discours sur la rigueur
qui endosse les habits de l’austérité budgétaire européenne.
Trois grands défis ont été fixés par Hollande : le
redressement des comptes publics, la compétitivité, le chômage et la
précarité. Cette hiérarchie est-elle adaptée à la situation ?
Pierre Laurent. Non. Il y a erreur de diagnostic sur
la dette et les déficits. La dépense publique continue d’être désignée
comme la cause des déséquilibres et les coupes budgétaires comme la
seule voie à suivre. Cette orientation ne résout rien. Elle a déjà
nourri l’augmentation du chômage et de la précarité. Il faut changer
l’ordre des priorités. La création d’emplois bien rémunérés et utiles
répondant aux besoins du pays doit être au cœur de l’action publique. La
réponse aux urgences sociales doit devenir le moteur d’un nouveau type
de développement social et écologique. Le financement de l’économie, du
développement industriel et des services publics doit être au service de
cet objectif. La capacité du gouvernement à prendre en compte les
propositions venant de toute la gauche, de toutes les forces sociales et
syndicales sera décisive. Car le projet présidentiel ne se donne pas
pour le moment les moyens de la réussite.
Le Medef est à l’offensive concernant la flexibilisation du travail et des licenciements, comment la gauche doit-elle réagir ?
Pierre Laurent. Sous Nicolas Sarkozy, le pouvoir
était au service du Medef. Ce dernier se remobilise pour imposer ses
critères de compétitivité et d’austérité comme la seule politique
possible. Il entend obtenir du gouvernement et des forces sociales un
consensus autour de ses dogmes. Le rôle de la gauche est de riposter et
d’aider à basculer le rapport de forces en faveur des salariés car
ce sont eux qui ont voulu le changement. Si le pouvoir reste dans les
mains des actionnaires, les dés du dialogue social sont pipés. Il faut
donc donner de nouveaux droits aux salariés et aux syndicats. Le
gouvernement doit se placer du côté des salariés. Regardez chez PSA.
Quand il reste muet, les actionnaires frappent d’autant plus fort. Le
gouvernement doit refuser un plan qui saigne l’industrie et convoquer
immédiatement une table ronde pour élaborer des stratégies industrielles
alternatives. Nous le disons clairement : pour sortir de la crise, sortons de l’austérité.
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